
Quarante et un ans après le meurtre du petit Grégory, sa grand-tante, Jacqueline Jacob, a été de nouveau mise en examen. Ce vendredi 24 octobre, elle est soupçonnée d’« association de malfaiteurs criminelle » suite à un interrogatoire de plus d’une heure et demie. Elle a cependant été laissée libre, comme l’a indiqué Me Stéphane Giuranna, l’un de ses avocats. Elle est soupçonnée d’être l’un des corbeaux qui ont menacé la famille Villemin pendant des années. Une expertise estime à cinq le nombre de ces corbeaux. La défense de Jacqueline Jacob a d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel de cette mise en examen, arguant que l’absence de mesures coercitives ou de contrôle judiciaire prouve la faiblesse de l’accusation. L’avocat a rappelé qu’une expertise vocale antérieure avait identifié le corbeau comme un homme âgé de 45 à 55 ans.
Me Alexandre Bouthier, autre avocat de Mme Jacob, a critiqué la justice, soulignant que sa cliente avait déjà été mise en examen en 2017 pour « enlèvement et séquestration suivie de mort », avant que cette mise en examen ne soit annulée pour vice de forme. Jacqueline Jacob, âgée de 81 ans, est arrivée à la cour d’appel de Dijon, entourée de ses avocats et de son mari, faisant face à une nuée de caméramans et photographes.
La famille Villemin a été la cible de dizaines de lettres et d’appels anonymes avant le décès de Grégory. La réussite sociale du père de Grégory, Jean-Marie Villemin, aurait attisé des jalousies au sein de la famille. Des expertises graphologiques et stylométriques de 2017, 2021 et 2023 attribuent à Jacqueline Jacob trois courriers anonymes de 1983, dont une lettre de menaces directes aux Villemin. La stylométrie soutient également « très fortement l’hypothèse » qu’elle est l’auteure de la lettre de revendication du crime du 16 octobre 1984, ainsi que de l’appel téléphonique anonyme passé le même jour. René Jacob, son beau-frère, a déclaré avoir reconnu sa voix lors de l’écoute d’un enregistrement en 2022.
Dès le début de l’enquête, une haine farouche entre les familles Jacob et Villemin, marquée par des jalousies ancestrales, a été mise en évidence. La défense de Jacqueline Jacob dénonce des « pseudo-expertises en stylométrie », une méthode dont la fiabilité est contestée. Le procureur général de Dijon, Philippe Astruc, a lui-même estimé que les arguments à charge ne suffisent pas à constituer des indices graves et concordants pour justifier une mise en examen, bien qu’ils « interrogent légitimement sur la participation de Jacqueline Jacob à la réalisation de certains écrits et appels anonymes ». Il a également rappelé qu’une expertise de 1991 avait attribué la lettre de revendication du crime à Bernard Laroche, cousin du père de Grégory.







