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Les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand réclament par voie d'huissier l'intégralité des vidéos de L'Incorrect, dénonçant un montage biaisé. Une polémique qui accentue la tension entre Radio France et les médias Bolloré.

Suite à la diffusion d’une vidéo polémique par le média d’extrême droite L’Incorrect, les journalistes Patrick Cohen et Thomas Legrand ont décidé d’agir. Ils ont officiellement demandé par voie d’huissier à obtenir l’intégralité des enregistrements les montrant en discussion avec des responsables du Parti socialiste (PS) dans un restaurant parisien. La demande a été effectuée lundi 15 septembre, et un huissier s’est rendu le matin même au siège de L’Incorrect.

Patrick Cohen, éditorialiste sur France 5, a expliqué dans l’émission « C à vous » que cette démarche était motivée par le fait qu’ils « n’ont rien à se reprocher ». Il a dénoncé une vidéo « coupée à dix reprises » et présentant « dix points de montage visibles à l’œil nu », suggérant une interprétation biaisée des faits. Selon lui, les extraits publiés ne reflètent pas la réalité de ce « rendez-vous banal » qui faisait suite au « mécontentement des proches d’Olivier Faure » concernant ses éditos.

La polémique a éclaté après la diffusion d’une séquence où Thomas Legrand aurait déclaré : « Nous, on fait ce qu’il faut pour [Rachida] Dati, Patrick [Cohen] et moi ». Ces propos ont été interprétés comme un parti pris contre la ministre de la Culture, suscitant de vives critiques. Le comité d’éthique de France Télévisions a toutefois jugé vendredi que Patrick Cohen n’était pas en faute dans cette affaire, considérant qu’il était en posture d’écoute et d’analyse. De son côté, Thomas Legrand a annoncé renoncer à son émission hebdomadaire sur France Inter, tout en continuant à y intervenir.

Dans ce contexte tendu, Sibyle Veil, présidente de Radio France, a dénoncé lundi « une campagne de déstabilisation » ciblant le groupe public, accusant les médias de la galaxie Bolloré de parti pris politique. Vincent Meslet, directeur éditorial de Radio France, avait déjà qualifié ces derniers d’« oligopole hostile » et de « médias militants ». Pascal Praud, figure de CNews, a riposté en qualifiant ces propos d’« inadmissible » et a demandé le licenciement de Vincent Meslet, dénonçant une « offensive tous azimuts contre la presse Bolloré », qu’il décrit comme « libre et indépendante ». L’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, doit auditionner prochainement Delphine Ernotte Cunci (France Télévisions) et Sibyle Veil.