
L’exécutif européen a exhorté les États membres de l’Union européenne à ratifier l’accord commercial avec les pays du Mercosur, promettant des garanties « robustes » pour les agriculteurs. Cette démarche vise principalement à apaiser les préoccupations de la France, qui a longtemps mené la fronde contre ce traité de libre-échange. La Commission européenne a formellement validé le texte, marquant une étape clé avant sa soumission aux Vingt-Sept et aux eurodéputés.
Pour rassurer Paris, Bruxelles propose de compléter l’accord par un « acte juridique » renforçant les mesures de sauvegarde pour les « produits européens sensibles ». L’objectif est d’intervenir en cas d’impacts négatifs des importations sur des secteurs comme le bœuf, la volaille, le sucre et l’éthanol. La porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, a salué cette initiative, indiquant que la Commission avait « entendu les réserves » des pays européens. Cependant, elle a souligné la nécessité d’analyser en détail cette clause, notamment la possibilité pour un seul pays de l’activer temporairement.
Malgré ces avancées, les syndicats agricoles restent méfiants. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a exprimé des réserves sur l’efficacité des clauses de sauvegarde, jugées « extrêmement difficiles à activer sur le plan juridique ». L’accord UE-Mercosur, s’il vise à stimuler les exportations européennes de voitures, machines et spiritueux vers l’Amérique latine, risque en retour de fragiliser certaines filières agricoles européennes avec l’afflux de viande, sucre, riz ou soja sud-américains. Le Copa-Cogeca et la FNSEA ont dénoncé un « passage en force politique ».
Parallèlement, le Parlement européen voit émerger une initiative transpartisane, menée par Pascal Canfin, pour tenter de « suspendre l’adoption » de l’accord, en raison d’un manque de transparence et de garanties claires, notamment sur les normes sanitaires et environnementales. Néanmoins, l’accord bénéficie du soutien de plusieurs pays, dont l’Allemagne, désireuse d’ouvrir de nouveaux débouchés pour son industrie. Bruxelles estime que cet accord pourrait générer plus de 4 milliards d’euros d’économies annuelles en droits de douane pour les exportateurs européens. La France, seule, ne pouvait bloquer l’accord, nécessitant une « minorité de blocage » d’au moins quatre États représentant plus de 35% de la population de l’UE.