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La France est confrontée à une recrudescence alarmante des accidents mortels au travail chez les jeunes, dont des apprentis et stagiaires mineurs. Une réalité qui interroge les politiques d'insertion professionnelle et la sécurité en entreprise.

Entre avril et juillet, la France a été le théâtre de plusieurs décès tragiques de jeunes travailleurs, dont un apprenti de 15 ans et un lycéen de 17 ans. Ces événements, loin d’être des incidents isolés, mettent en lumière la dangerosité accrue du milieu professionnel pour les mineurs. En 2023, le rapport annuel de l’Assurance-maladie sur les risques professionnels a recensé 1 287 décès liés au travail, incluant maladies professionnelles et accidents de trajets, dont 810 accidents du travail reconnus. Ce bilan place la France parmi les mauvais élèves de l’Union européenne en matière de sécurité au travail.

Les jeunes de moins de 25 ans sont particulièrement vulnérables, étant surreprésentés dans les statistiques d’accidents du travail, avec une fréquence 2,5 fois plus élevée que celle des autres salariés, selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). En 2023, 32 travailleurs de moins de 25 ans affiliés au régime général ont perdu la vie sur leur lieu de travail, un chiffre qui monte à 38 en incluant les cotisants à la Mutualité sociale agricole. Ces chiffres alarmants auraient dû engendrer une prise de conscience. Pourtant, depuis 2022, une politique visant à augmenter la présence des mineurs en entreprise a été mise en œuvre, sous couvert d’améliorer leur orientation et leur insertion professionnelle. Cela se traduit par des stages d’observation pour les élèves de seconde générale et technologique, des aides financières massives pour l’apprentissage, et des parcours différenciés en terminale bac pro.

L’entreprise, dans sa quête de rentabilité, n’est pas toujours le cadre idéal pour la formation des jeunes. Les stages se transforment souvent en tâches d’exécution, parfois dangereuses, sans réelle plus-value pédagogique. Par exemple, un apprenti en mécanique automobile peut passer des semaines à effectuer des tâches répétitives comme dévisser des pneus. En contraste, les ateliers de lycées professionnels offrent un environnement où les élèves apprennent à travailler en toute sécurité sur des activités complexes et variées. Le manque de formation à la prévention des risques est fréquemment cité comme un facteur majeur dans ces accidents mortels impliquant des jeunes en stage ou en apprentissage.

La législation encadre pourtant le travail des mineurs, interdisant de les affecter à des travaux présentant des risques pour leur santé, leur sécurité ou leur moralité. Des dérogations sont possibles pour certains travaux réglementés, mais un suivi renforcé par la médecine du travail est alors nécessaire. L’augmentation des stages et de l’apprentissage soulève des questions sur la capacité des entreprises à garantir la sécurité de ces jeunes travailleurs.