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À Paris, des étudiants ukrainiens ont présenté une pièce de théâtre poignante, mêlant la nativité à la réalité de la guerre. Un témoignage émouvant de la foi face à l'adversité, en marge des Rencontres européennes de Taizé.

À Paris, la salle paroissiale Saint-Lambert de Vaugirard a été le théâtre d’une représentation émouvante, mêlant la nativité à la dure réalité du conflit ukrainien. Une centaine de personnes ont assisté dans un silence recueilli à cette pièce jouée par des étudiants ukrainiens. Drappés de blanc, les acteurs ont récité des poèmes puissants, écrits par des soldats du front, des enfants et des civils meurtris par la guerre en Ukraine. Ce moment partagé à l’occasion des Rencontres européennes de Taizé, qui se sont déroulées du 28 décembre au 1er janvier, a permis de témoigner d’une foi inébranlable face à l’adversité.

La communauté œcuménique de Taizé, forte de quatre-vingts frères de différentes confessions chrétiennes, a rassemblé cette année quinze mille jeunes, dont près de mille Ukrainiens. Certains d’entre eux ont investi la maison paroissiale Saint-Lambert, transformée pour l’occasion en un écrin pour ce Noël ukrainien. Eugène Hydzyk, professeur de théâtre et metteur en scène de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, a dirigé cette troupe. D’une voix douce mais déterminée, il a introduit le spectacle, soulignant que « certains poètes dont vous allez entendre les textes sont morts pendant la guerre. D’autres se battent encore sur le front. Il faut que ces mots vivent à travers vous ».

Les saynètes, récitées en ukrainien et parfois ponctuées de chants « donnant des frissons » aux spectateurs, ont mis en scène des figures bibliques revisitées. Inspiré du spectacle Petites sandales orthopédiques de l’artiste ukrainien Serhiy Savchenko, la pièce a repris les codes du Vertep, le théâtre traditionnel ukrainien de la Sainte Famille, en le transposant dans une réalité apocalyptique. Marie, Joseph, les rois mages ont ainsi côtoyé les fantômes du front, tous chaussés de rangers, rappelant la présence constante de la guerre.

La force de cette œuvre réside dans le dialogue constant, parfois violent, avec le divin. Face à l’horreur des corps rapatriés, la foi vacille, se brise, mais refuse de s’éteindre. « Le Christ est né dans un pays occupé », a confié le metteur en scène, soulignant la pertinence intemporelle des récits bibliques. Malgré le doute et le désespoir, l’espoir luit, symbolisé par un canari chantant à travers les fenêtres brisées d’Irpin ou une fleur éclose sur scène, jaillissant d’une botte de combat. Une conviction profonde anime cette jeunesse de Lviv : « à travers l’épaisse fumée, chaque fois, quelque chose de petit et de vert surgit ».