
Le Parlement français a adopté à l’unanimité une loi spéciale d’urgence concernant le budget 2026, palliant ainsi l’absence de projet de loi de finances. Cette décision intervient après l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) en raison de désaccords profonds entre députés et sénateurs. Ce texte provisoire, composé de seulement trois articles, permet à l’État de continuer à lever l’impôt, de reconduire les dépenses essentielles et d’emprunter sur les marchés financiers. Le ministre des Comptes publics, Sébastien Lecornu, a souligné que cette mesure était cruciale pour maintenir la stabilité économique.
Malgré cette adoption rapide, le processus a été qualifié de « rustine » législative par certains parlementaires. Le député socialiste Philippe Brun a exprimé ses craintes quant à des « conséquences cataclysmiques » si cette situation perdurait. Le gouvernement, par la voix d’Amélie de Montchalin et Roland Lescure, a qualifié cette loi de « service minimum » comportant un « risque maximum » ou de « roue de secours », insistant sur la nécessité d’aboutir rapidement à un budget définitif. Emmanuel Macron lui-même a pressé les parties prenantes de trouver un compromis en janvier, soulignant l’importance de mettre fin aux négociations.
Sébastien Lecornu a annoncé des consultations avec les principales forces politiques pour tenter de dégager un consensus. Des réunions sont prévues avant la fin de l’année pour relancer les discussions. Les socialistes, dont le soutien est jugé incontournable, ont déjà posé leurs conditions : plus de justice fiscale, des garanties sur le budget de l’écologie et la préservation des services publics. Cependant, ces concessions pourraient froisser la droite et le camp présidentiel. La possibilité de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget est évoquée, bien que le Premier ministre ait initialement promis de ne pas l’utiliser. Certains parlementaires, comme Charles de Courson, ont mis en garde contre les dangers d’un tel recours, le qualifiant de « véritable trou noir constitutionnel ».
En attendant, le gouvernement dispose de la trêve des confiseurs pour tenter de trouver une solution durable. Les travaux parlementaires reprendront officiellement en janvier, avec l’objectif de doter la nation d’un budget définitif. Le chemin vers un accord reste semé d’embûches, mais la pression est forte pour éviter une prolongation de cette solution temporaire qui fragiliserait l’économie française.







