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La maison de Charles Maurras à Martigues, acquise par la mairie en 1997, est laissée à l'abandon. Ce patrimoine historique, jadis prometteur, se dégrade, illustrant les défis de la préservation d'un lieu lié à une figure controversée. L'ancienne bibliothèque est dispersée.

La demeure de Charles Maurras, figure intellectuelle majeure du XXe siècle, est au cœur d’une polémique à Martigues. Connue localement sous le nom de « la maison de Maurras », cette élégante bastide provençale, située chemin de Paradis, fut acquise en 1997 par la mairie communiste de Martigues pour un franc symbolique. L’engagement initial était d’entretenir les lieux et d’en faire un centre de recherche ou un musée, mais près de trente ans plus tard, le site est malheureusement à l’abandon.

La bâtisse, dont les façades et toitures sont pourtant inscrites au titre des monuments historiques depuis 1975, présente des signes visibles de dégradation : une façade délavée, des volets en bois rongés et des carreaux cassés. Seul le jardin, riche de ses essences provençales, semble encore entretenu. Les tentatives de visite, autrefois possibles sur rendez-vous via le Musée Ziem, se heurtent désormais à une impossibilité, soulignant le délaissement du lieu.

Charles Maurras, académicien, monarchiste, antidreyfusard et antisémite notoire, avait souhaité que sa propriété familiale soit cédée au domaine public. Cependant, la ville de Martigues peine à gérer cet héritage complexe. La bibliothèque exceptionnelle de l’écrivain, qui comptait environ 15 000 ouvrages, a été dispersée, et la maison, autrefois pensée comme « le cœur d’une maison de grand écrivain », est aujourd’hui une coquille vide de son ambition culturelle et intellectuelle.

Cette situation met en lumière les défis de la préservation du patrimoine lié à des personnalités controversées, particulièrement lorsque les volontés testamentaires se confrontent aux réalités politiques et financières. La dégradation de la bastide de Maurras à Martigues symbolise un « legs maudit », où un bien historique et culturel se perd faute d’une gestion et d’une valorisation adéquates.