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Une vidéo du procès du général Xu Qinxian, qui a refusé de tirer sur les manifestants de Tiananmen en 1989, a été publiée, signe de possibles tensions entre l'armée et Xi Jinping.

Une vidéo du procès du général Xu Qinxian, qui avait refusé d’ouvrir le feu sur les manifestants de la place Tiananmen en 1989, a été publiée fin novembre sur YouTube, trente ans après les faits. Cet événement est perçu par les experts comme une possible faille dans le contrôle informationnel strict du régime chinois. Le général Xu Qinxian est devenu une figure emblématique pour avoir défié le Parti communiste en refusant d’ordonner à ses troupes de tirer sur les manifestants pro-démocratiques, un acte qui a précédé le massacre de milliers de Chinois le 4 juin 1989 à Pékin.

La publication d’une telle vidéo, longtemps interdite, est inhabituelle pour la Chine et, selon Emmanuel Lincot, professeur à l’Institut Catholique de Paris et directeur de recherche à l’IRIS, elle s’accompagne nécessairement d’un message politique fort. « On essaie de nous dire quelque chose sur le présent », affirme-t-il, suggérant des implications actuelles pour la politique chinoise. Cette diffusion intervient alors que le président Xi Jinping mène une purge au sein de l’armée, ce qui rend cette publication d’autant plus significative.

Pour certains analystes, la vidéo pourrait être interprétée comme un signe que « toute l’armée n’est pas alignée sur Xi Jinping ». Une telle interprétation, qui serait courante dans une démocratie, représente une première notable dans le contexte politique chinois. La publication de ce document historique soulève des questions sur d’éventuelles tensions internes au sein de l’armée chinoise et la volonté de certains acteurs de contester, même subtilement, l’autorité de l’actuel dirigeant. Le fait qu’une telle vidéo ait pu « transpercer » le mur de la censure indique qu’une « frontière a été franchie », selon les experts du régime chinois.