
Des affrontements meurtriers ont éclaté le lundi 22 décembre à Alep, dans le nord de la Syrie, entre les forces kurdes et gouvernementales syriennes. Ces violences surviennent alors que les deux parties sont censées finaliser un accord crucial visant à intégrer les institutions kurdes au sein du pouvoir central syrien. En soirée, malgré des appels mutuels à la cessation des hostilités, chaque camp a rejeté la responsabilité des attaques, exacerbant les tensions dans une région déjà fragile.
Selon l’agence officielle SANA, deux civils ont été tués et huit autres blessés à Alep suite à des tirs de mortiers et de roquettes attribués aux Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes. En parallèle, les FDS, bras armé de l’administration kurde autonome, ont rapporté la mort d’une femme de 57 ans et 17 civils blessés lors d’une attaque menée par des «combattants de factions gouvernementales» utilisant des armes lourdes. Ces incidents se sont déroulés dans les quartiers de Cheikh-Maqsoud et Achrafieh, sous contrôle kurde, où des affrontements avaient déjà causé la mort de deux civils en octobre.
Ce regain de violence survient dans un contexte de négociations enlisées concernant l’application, d’ici le 31 décembre, d’un accord d’intégration des forces kurdes dans les institutions nationales syriennes. Ces affrontements ont coïncidé avec la visite en Syrie du chef de la diplomatie turque, Hakan Fidan, un proche des nouvelles autorités syriennes. M. Fidan a exhorté les Kurdes à ne pas «faire obstacle à la stabilité du pays», avertissant la semaine dernière que les partenaires de l’accord «perdaient patience». Il a souligné l’importance pour les FDS de s’intégrer «par le dialogue et la réconciliation, de manière transparente», afin de ne plus constituer un «obstacle à l’intégrité territoriale syrienne et à la stabilité à long terme».
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad Hassan Al-Chibani, a confirmé que ses services examinaient une réponse des FDS à une proposition d’intégration dans l’armée syrienne, en vue d’un territoire syrien unifié. La Turquie, partageant une frontière de 900 km avec la Syrie, considère la permanence des combattants kurdes des FDS comme une menace sécuritaire. Les Kurdes contrôlent d’importantes zones riches en pétrole et en blé dans le nord-est de la Syrie. Soutenues par les États-Unis, les FDS ont joué un rôle clé dans la lutte contre l’État islamique. M. Fidan, accompagné du ministre turc de la Défense, Yasar Güler, a insisté sur l’importance de la stabilité en Syrie pour la Turquie, et a discuté de la lutte contre le terrorisme et la résurgence de l’État islamique avec le président Al-Charaa.






