
L’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur continue de susciter de vives tensions en France, plaçant le président Emmanuel Macron dans une position délicate. Alors que la Commission européenne souhaite avaliser cet accord avant la fin de l’année, Paris cherche désespérément à y intégrer des garde-fous pour apaiser la colère grandissante des agriculteurs français.
Le 2 décembre, lors d’une réunion impromptue à l’Élysée, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a exprimé ses profondes préoccupations à Emmanuel Macron. Elle a souligné les multiples défis auxquels est confronté le monde agricole, notamment l’absence de budget adopté par le Parlement, menaçant des mesures de soutien essentielles, ainsi que la propagation d’épidémies animales et végétales. La ministre a mis en garde contre un « risque politique » d’explosion, les fils pouvant « se toucher ».
Les agriculteurs français, notamment les éleveurs, craignent que l’accord avec le Mercosur n’entraîne une concurrence déloyale due à des coûts de production plus faibles et des normes environnementales et sanitaires moins strictes dans les pays sud-américains. Ils redoutent l’importation massive de produits à bas coût, comme la viande bovine, le sucre, le riz ou le miel, ce qui pourrait déstabiliser les prix et menacer la rentabilité de leurs exploitations. Le contingent de 99 000 tonnes de viande bovine importées du Mercosur vers l’UE à un tarif préférentiel est une source particulière d’inquiétude pour les éleveurs français.
Face à cette situation, Emmanuel Macron a réaffirmé que « le compte n’y est pas » et que l’accord ne pouvait pas être signé en l’état. Il insiste sur la nécessité de mettre en place des « clauses de sauvegarde » en cas de déstabilisation des marchés et exige une « réciprocité » des règles en matière d’import-export. Ces déclarations font suite à une mobilisation accrue des agriculteurs, avec des syndicats comme la FNSEA appelant à un rejet clair de l’accord et à des manifestations à Bruxelles.
Le gouvernement français a d’ailleurs demandé le report du vote sur l’autorisation de signature de l’accord par le Conseil de l’UE, estimant que les conditions ne sont pas réunies. Le Parlement européen a récemment approuvé des mesures de protection renforcées pour les agriculteurs, incluant un suivi des produits sensibles et une réintroduction possible des droits de douane. Cependant, même avec ces avancées, la France considère que les garanties sont insuffisantes.






