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La visite d'Emmanuel Macron en Chine visait à rééquilibrer les relations franco-chinoises, mais a souligné un rapport de force en faveur de Pékin. Entre diplomatie culturelle à Chengdu et discussions économiques complexes, la France cherche un difficile équilibre face à une Chine affirmée.

La récente visite d’État d’Emmanuel Macron en Chine, du 3 au 5 décembre, avait pour objectif affiché de « rééquilibrer » les relations entre les deux pays. Cependant, cette rencontre a surtout mis en lumière un basculement du rapport de force en faveur de Pékin, rendant la tâche du président français particulièrement délicate. Lors de l’ultime étape de son séjour à Chengdu, Emmanuel Macron a tenté d’user de diplomatie culturelle en évoquant Molière devant des étudiants de l’université du Sichuan, appelant à un « refus de céder aux lois du collectif ».

Cette approche contrastait avec l’accueil plus formel des jours précédents. Quelques heures plus tôt, Xi Jinping et son épouse avaient accompagné le couple présidentiel français pour une visite privée du barrage de Dujiangyan, un geste diplomatique rare soulignant l’importance que la Chine accorde à la relation avec la France. Ce déplacement en province, loin de la capitale, a été perçu comme une marque d’égard pour un pays qui fut parmi les premiers à reconnaître le régime communiste.

Malgré les discussions, notamment sur la guerre en Ukraine et le commerce, les résultats concrets en matière d’accords économiques majeurs sont restés limités. L’Europe, et la France en particulier, cherche à obtenir un « cadre plus équilibré » dans ses relations économiques avec la Chine, notamment face à un déficit commercial croissant. Les exportations chinoises vers l’UE ont augmenté de 12 % entre mai 2024 et mai 2025, atteignant 24 % pour la France, avec un excédent commercial chinois atteignant 310 milliards de dollars avec l’Europe. La Chine exporte principalement des biens de consommation à faible valeur, tandis que les exportations françaises incluent des produits cosmétiques, des pièces d’avion et des alcools. La France et l’UE aspirent à une plus grande réciprocité et à des transferts de technologie, espérant que la Chine « consomme plus et exporte moins ».

La politique étrangère de Xi Jinping se caractérise par une affirmation de la puissance chinoise sur la scène mondiale, avec une volonté de « diriger la réforme du système de gouvernance mondiale » et de défendre ses « intérêts fondamentaux » avec fermeté. Dans ce contexte, les ambitions de rééquilibrage d’Emmanuel Macron se sont heurtées à la réalité d’un rapport de force où la Chine, forte de sa croissance économique et de sa position sur la scène internationale, dicte de plus en plus ses conditions. La France, comme d’autres nations européennes, se retrouve à naviguer entre la nécessité de protéger ses intérêts économiques et la volonté d’éviter une escalade des tensions.