
Un article scientifique influent, publié en avril 2000 et concluant à l’innocuité du glyphosate, l’ingrédient actif du désherbant Roundup, a été officiellement rétracté par la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology. Cette décision intervient un quart de siècle après sa publication et fait suite à la découverte de « plusieurs problèmes critiques » remettant en question son intégrité académique et ses conclusions.
L’étude, qui affirmait que le glyphosate ne présentait pas de risques cancérogènes ou autres pour la santé humaine, a été largement citée par les organismes de réglementation mondiaux, y compris l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), comme preuve de la sûreté du produit. Le rédacteur en chef de la revue a souligné que les conclusions de l’article étaient basées exclusivement sur des études non publiées de Monsanto, sans tenir compte d’autres recherches indépendantes disponibles à l’époque.
La rétractation est également motivée par la pratique de l’« écriture fantôme » (ghostwriting), révélée en 2017 par les « Monsanto Papers ». Ces documents internes, rendus publics par la justice américaine, ont montré que les véritables auteurs de l’article n’étaient pas les signataires listés – Gary M. Williams, Robert Kroes et Ian C. Munro – mais des cadres de la société Monsanto. Le journal a jugé que l’absence de mention explicite des contributions des employés de Monsanto compromettait l’indépendance académique et l’intégrité des conclusions.
Cette pratique de fraude scientifique consiste pour des entreprises à rémunérer des chercheurs pour qu’ils signent des articles qu’ils n’ont pas rédigés, afin de conférer une crédibilité accrue à des études favorables à leurs produits, tels que les pesticides ou les médicaments. La rétractation de cette étude majeure relance le débat sur la fiabilité des évaluations de sécurité des pesticides et le rôle de l’industrie dans la recherche scientifique.






