
L’aciériste allemand ThyssenKrupp, fleuron de l’industrie du pays, s’apprête à entreprendre la restructuration la plus significative de son histoire depuis 1811. Un accord signé avec les syndicats prévoit la suppression de 11 000 emplois d’ici à 2030, sur les 26 000 que compte actuellement l’entreprise. Cette décision intervient dans un contexte de crise profonde pour l’industrie allemande.
Les installations de Duisburg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, verront leur production d’acier réduite, passant de 11,5 millions à 9 millions de tonnes par an. Une éventuelle vente à un investisseur étranger est envisagée, ce qui représente un paradoxe alors que la souveraineté industrielle est érigée en priorité nationale. L’industrie représente un quart du produit intérieur brut allemand et emploie 7,4 millions de personnes directement.
Marie Jaroni, directrice du département acier de ThyssenKrupp, a qualifié cette restructuration de « nœud gordien tranché », affirmant que l’entreprise serait désormais « prête à affronter l’avenir ». L’accord inclut également la promesse d’un site de fabrication d’« acier vert », alimenté par l’hydrogène, un projet en discussion depuis plusieurs années. Cependant, l’optimisme est difficile à partager compte tenu des difficultés traversées par le groupe ces dernières années.
Cette restructuration massive est une réponse à la surcapacité mondiale, à la concurrence accrue des importations asiatiques à bas prix et à la hausse des coûts de l’énergie. Le plan prévoit la suppression d’environ 5 000 postes par des ajustements de production et administratifs, tandis que 6 000 autres pourraient être transférés à des prestataires externes ou supprimés via la vente d’activités. Le syndicat IG Metall a qualifié ce projet de « catastrophe pour les salariés et l’industrie de Rhénanie du Nord-Westphalie ».






