
Les débats parlementaires autour du projet de budget de la Sécurité sociale ont repris ce mardi 2 décembre dans un climat de vive tension. L’avenir du texte semble particulièrement incertain, marqué par des divisions au sein même de la coalition gouvernementale et la nécessité de trouver des compromis, notamment avec la gauche. Les enjeux sont de taille, car un rejet du budget entraînerait des conséquences financières importantes pour la France.
La position du groupe Horizons, dirigé par Édouard Philippe, est venue complexifier la tâche du Premier ministre. Mardi matin, Edouard Philippe a clairement indiqué qu’Horizons ne pourrait pas voter le texte en l’état, oscillant entre vote contre et abstention. Nathalie Colin-Oesterlé, oratrice du groupe, a renforcé cette position en affirmant qu’un budget « qui renonce à assumer le coût réel de ses choix, qui affaiblit le travail, qui menace l’équité entre les générations, ne peut obtenir notre assentiment ». Cette déclaration, qualifiée de « petite bombe » par un cadre de Renaissance, met le gouvernement sous pression et l’oblige à éteindre l’incendie au sein de sa propre majorité.
Après l’échec de la commission mixte paritaire la semaine dernière, cette nouvelle lecture est jugée « décisive » par le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou. En l’absence d’un budget voté avant le 31 décembre, le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 30 milliards d’euros, selon les avertissements du gouvernement. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a réitéré son objectif de contenir ce déficit « autour des 20 milliards d’euros » en 2026, malgré les inquiétudes liées aux compromis envisagés.
Les députés examinent désormais la version amendée par le Sénat, qui a écarté la suspension de la réforme des retraites – une concession pourtant obtenue par le gouvernement en échange de la non-censure du PS. Les discussions sur les quelque 900 amendements se poursuivront jusqu’à dimanche, avec un vote solennel prévu le 9 décembre. Le Rassemblement national, le groupe UDR et La France insoumise ont exprimé leur franche hostilité au texte, le qualifiant de « désastre ». L’adoption du budget dépendra donc de la bienveillance d’une partie de la gauche, en dehors de LFI, qui pourrait s’abstenir ou apporter son soutien, d’autant plus si une partie du « socle commun » gouvernemental se dérobe.
Face à ces difficultés, l’hypothèse du 49.3 refait surface, certains députés y voyant une solution pour surmonter les obstacles. Le président du groupe MoDem, Marc Fesneau, estime que « la meilleure solution reste le 49.3 car personne ne veut assumer ce budget ». Cependant, l’entourage du Premier ministre écarte cette option, insistant sur la nécessité d’un « compromis parlementaire ». Les débats de mardi soir se sont déroulés sans éclats, et Amélie de Montchalin a annoncé le report de l’examen de plusieurs mesures clés, dont l’augmentation de la CSG sur les revenus du patrimoine, à la fin de la partie recettes du texte.






