Au cœur d’une foule statique mais bruyante, une jeune femme brandit une pancarte, symbole de la « Solidarité avec la jeunesse en colère ». Souha, 19 ans, étudiante en prépa littéraire, exprime des émotions brutes, mêlant surprise et détermination. Le 10 septembre, lors de la mobilisation nationale « Bloquons tout » à Paris, elle est venue manifester une colère aux origines multiples : du « génocide en Palestine » à la « nomination d’un premier ministre qui ne respecte pas les élections législatives ».
Sa colère est profondément liée à un sentiment de désespoir. « Je suis allée manifester sans grand espoir que mes revendications soient entendues par Macron, qui gouverne seul », confie-t-elle. Ce sentiment d’impuissance face à l’inaction politique nourrit une profonde frustration, qui se transforme en colère. Électrice de gauche et militante de longue date – elle a manifesté pour le climat et les droits des femmes dès l’adolescence –, Souha voit dans la manifestation un exutoire, un moyen de ne pas se sentir seule face à ses émotions.
Descendre dans la rue et crier des slogans agit comme un « hypotenseur », apaisant temporairement sa colère. Cependant, cet effet s’estompe à mesure que les batailles sont menées et, souvent, perdues. Elle se sent « bloquée avec cette émotion, au point de souvent fondre en larmes ». Pour Souha, la seule véritable source d’apaisement serait de constater des « progrès sociaux », des avancées concrètes qui répondraient aux aspirations de la jeunesse et de la société.
La colère de Souha est un reflet des défis auxquels la jeunesse est confrontée, entre engagement civique et sentiment d’impuissance. Elle incarne la recherche de formes d’action efficaces pour transformer le désespoir en un levier de changement, tout en soulignant le besoin crucial de voir des résultats tangibles pour maintenir l’espoir et l’engagement.
