
Dans le tumulte de Pékin, Bao Bei, 30 ans, incarne la résilience face à l’adversité économique. Équipée de son sac rouge et d’un balai rétractable, elle arpente la ville pour effectuer des missions de ménage chez des particuliers via l’application JD.com, le géant de l’e-commerce. Chaque prestation de deux heures lui rapporte 10,50 euros, un revenu vital pour cette jeune femme dont la famille a été frappée par une série de malheurs financiers. Elle compte parmi ses clients réguliers le patron d’une usine d’appareils médicaux, qui lui réserve douze heures de travail hebdomadaire, préférant ses services à une embauche traditionnelle, plus complexe.
Ancienne enseignante dans une petite ville du Shanxi, où elle gagnait 550 euros par mois, Bao Bei a dû abandonner sa carrière pour aider ses parents, submergés par les dettes. Son père, autrefois propriétaire d’une agence de location d’engins de chantier prospère, a vu sa vie basculer après un tragique accident impliquant l’un de ses engins, coûtant la vie à cinq personnes. Pour indemniser les familles, ses parents ont dû tout vendre, déménager à la campagne et se reconvertir dans l’élevage.
Mais le destin s’est acharné : sept ans plus tard, leur troupeau de vaches a été décimé par la grippe, anéantissant leurs derniers espoirs. Cette succession de drames a profondément affecté la trajectoire de leurs trois enfants, tous diplômés. La sœur aînée de Bao Bei a trouvé un emploi sur un champ de gaz de schiste au Qinghai, tandis que la cadette a monté un atelier de cosmétiques dans le Guangdong. Quant à Bao Bei, elle travaille désormais sept jours sur sept, de 8h à 22h, et dort dans un dortoir modeste en périphérie de Pékin pour 110 euros par mois, symbole d’une nouvelle réalité économique pour de nombreux jeunes chinois.






