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Une enquête révèle qu'une partie des vêtements usagés déposés en France est expédiée aux Émirats arabes unis pour y être triée et revendue, une destination méconnue du grand public. Cette pratique met en lumière le marché mondial florissant du vêtement de seconde main et les enjeux de transparence et de durabilité de la filière textile.

De nombreux Français pensent faire un geste pour les plus démunis ou pour la planète en déposant leurs vêtements usagés dans des conteneurs de collecte. Cependant, une partie significative de ces articles est exportée à des milliers de kilomètres, notamment vers les Émirats arabes unis, où s’est développé un marché florissant de tri de vêtements d’occasion. Cette pratique, peu connue du grand public, soulève des questions sur la transparence des filières de collecte.

Des entreprises comme Le Relais du Nord, Philtex, Gebetex, Hersand et Alpes TLC, toutes actives dans l’exploitation de bornes de collecte volontaires en France, ont envoyé des lots de vêtements de seconde main vers des centres de tri basés dans cette région du Moyen-Orient entre avril 2023 et mai 2025. Ces informations proviennent de données d’exportation obtenues par une enquête journalistique collaborative. Bien que ces structures ne communiquent pas sur cette destination, les Émirats arabes unis sont devenus une plaque tournante majeure pour le tri et la revente de textiles usagés.

Le grand export de textiles est une pratique ancienne pour la France, qui, dès le XIXe siècle, était un centre important pour l’exportation de vêtements usagés en Europe. Aujourd’hui, environ 90% des vêtements réutilisables collectés en France sont exportés, principalement vers des pays comme le Pakistan, les Émirats arabes unis et le Cameroun. Cette dépendance à l’exportation est due en partie à une demande intérieure insuffisante et au manque de capacités industrielles de recyclage en France et en Europe. Le marché mondial des vêtements d’occasion représente une demande de 5 millions de tonnes par an, soutenant des millions d’emplois dans les pays destinataires.

Cependant, ce système n’est pas sans défis. Une partie des textiles exportés finit dans des décharges, comme l’a montré une décharge près de Dubaï. La question du « trashion » (déchets textiles) est préoccupante, avec des millions de vêtements usagés jugés inutilisables, souvent en raison de la présence de fibres plastiques. Des solutions sont à l’étude pour industrialiser le recyclage des textiles en France et en Europe afin de réduire cette dépendance à l’export et l’impact environnemental associé. Le rôle des Émirats arabes unis en tant que zone franche et plateforme logistique est essentiel dans ce commerce international.