L’Algérie pleure la disparition de Biyouna, star comique et figure emblématique de sa scène culturelle, décédée mardi 25 novembre à Alger des suites d’une maladie, à l’âge de 73 ans. La nouvelle, annoncée par la télévision publique, a suscité une vive émotion à travers le pays. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a rendu hommage à cette « célébrité » du cinéma algérien, saluant sa contribution inestimable au patrimoine culturel national.
De son vrai nom Baya Bouzar, Biyouna est née en 1952 dans le quartier populaire de Belouizdad à Alger. Actrice, chanteuse, danseuse et comédienne, elle a su conquérir le cœur des Algériens dès les années 1970 grâce à son humour frondeur, son parler algérois authentique et son visage expressif. Son rôle de Fatma dans le feuilleton Al-Harik de Mustapha Badie, où elle incarnait une voisine chipie et mégère, lui a apporté une immense notoriété alors qu’elle n’avait que 19 ans.
Malgré sa célébrité, Biyouna a toujours refusé le statut de « star », revendiquant sa proximité avec le peuple. Sa vie, marquée par la résilience, a traversé l’enfance pendant la guerre d’indépendance, les violences familiales, les menaces des intégristes dans les années 1990, et même une tentative de suicide. Pourtant, elle est toujours revenue à la scène, portant le rire et l’émotion à son public.
Sa carrière s’est également ouverte à l’international, notamment avec Le Harem de Mme Osmane (1999) de Nadir Moknèche, qui lui a permis de rencontrer Carmen Maura et de s’affirmer dans son jeu d’actrice. Elle a également enregistré à Paris son premier album, Raid Zone, révélant une voix rauque et profonde. Au cinéma, sa dernière apparition notable fut dans le film français Le Flic de Belleville (2018) aux côtés d’Omar Sy. Plus récemment, en 2023, elle avait fait une brève apparition dans la série télévisée Dar Lefchouch. Sa dernière apparition publique, dans une vidéo TikTok souhaitant un bon ramadan, avait beaucoup ému ses fans par sa fragilité apparente.
Biyouna restera dans les mémoires comme une artiste libre, populaire et singulière, capable de faire rire tout un pays et de toucher par sa sincérité. Elle a marqué de son empreinte indélébile la scène algérienne contemporaine.
