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Le ralliement d'un étudiant irakien à l'État islamique en 2014 a condamné sa famille à une vie de paria, confrontée à l'ostracisme et à la violence en Irak.

Le ralliement de Wadhban Massar Madjid à l’État islamique (EI) en 2014 a plongé sa famille dans une vie de paria, entre l’Irak et la Syrie. Depuis onze ans, ses proches, ballottés entre zones de guerre et camps de réfugiés, vivent un véritable enfer. Qadissa Massar Madjid, sa sœur de 35 ans, déplore : « Depuis que mon frère a rejoint l’État islamique, toute la famille est associée à l’EI. » En août 2024, elle a finalement trouvé refuge avec sa fille, ses sœurs, une belle-sœur et leurs enfants dans une maison précaire en lisière de Mossoul, dans le nord de l’Irak.

Leur situation, auparavant inextricable, a changé grâce à une rencontre fortuite. Sans personne pour se porter garant, elles ne pouvaient quitter le camp de réhabilitation d’Al-Jadaa, destiné aux familles de djihadistes au sud de Mossoul. Le retour à Sayyed Gharib, leur village natal de la province de Salahaddin, était impossible. « Nos maisons sont détruites. La plupart des habitants sont partis car la milice Saraya al-Salam de Moqtada Al-Sadr occupe la région et nous empêche de revenir », explique Qadissa Massar Madjid. C’est Tarek Fadel, un chauffeur de 55 ans rencontré devant le camp, qui leur a offert sa protection et un toit à Mossoul.

Cependant, les épreuves de la famille sont loin d’être terminées. À Mossoul, les voisins les ont accueillies par des jets de pierre. Tarek Fadel, qui a épousé l’une des sœurs, témoigne : « Même les enfants sont insultés dans la rue. Lors des convocations à la sûreté nationale, on est humiliés et insultés. » Huit ans après la chute du califat autoproclamé de l’organisation État islamique, qui a contrôlé un tiers de l’Irak entre 2014 et 2017, la haine envers ceux associés au drapeau noir et à la terreur demeure tenace parmi les Irakiens.