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Le conflit israélo-palestinien embrase le débat en France, marqué par une crispation alarmante. Annulation de colloque, manifestations : la liberté d'expression et le dialogue sont mis à l'épreuve. Urgence d'un débat serein et informé.

Le conflit israélo-palestinien, avec ses décennies de tensions, continue de provoquer des vagues intenses en France. Ce pays abrite les plus grandes communautés juive et arabe d’Europe, et ses élites politiques et intellectuelles ont toujours cherché à jouer un rôle influent au Proche-Orient. Cependant, deux ans après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël, et face aux plus de 69 000 victimes des bombardements israéliens à Gaza, le niveau de crispation et d’incompréhension dans le débat public a atteint un seuil critique, rendant toute discussion sereine presque impossible.

Deux incidents récents illustrent cette situation. Le 9 novembre, l’annulation d’un colloque sur « La Palestine et l’Europe » au Collège de France, suite à l’intervention du ministre de l’Enseignement supérieur, a soulevé des questions sur la liberté académique. L’événement a finalement eu lieu dans des locaux alternatifs. Parallèlement, le 6 novembre, un concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris a été interrompu par des manifestants propalestiniens. Ces événements, bien que de nature différente, soulignent les dérives et les tensions croissantes.

La liberté académique, principe démocratique fondamental, doit être défendue. L’intervention ministérielle dans le cas du colloque du Collège de France a compromis une institution prestigieuse et créé un précédent grave. Discuter de l’orientation ou du financement d’un colloque fait partie de cette liberté, mais exercer des pressions sur ses organisateurs est inacceptable. De même, les perturbateurs de la Philharmonie, en visant des artistes en raison de la politique de leur pays, créent une confusion potentiellement contre-productive, tout en négligeant d’autres situations internationales critiquables.

Ces incidents menacent la tenue d’un débat constructif sur la tragédie du Proche-Orient. La difficulté pour les citoyens de manifester en sécurité, la criminalisation des défilés dénonçant la passivité de la France et de l’Union européenne face à la situation à Gaza, et l’instrumentalisation politique de ces mouvements par certains partis, nourrissent une frustration générale. Un mois après l’annonce d’un cessez-le-feu fragile qui n’apporte pas de perspectives claires, il est urgent d’apaiser le débat. La priorité doit être donnée à la compréhension mutuelle, au respect des convictions de chacun, et à la recherche d’une connaissance approfondie, plutôt que de succomber aux pièges des instrumentalisations politiques.