
La commission des affaires sociales du Sénat a proposé, le 15 novembre, de revenir sur de nombreuses mesures votées à l’Assemblée nationale concernant le budget de la Sécurité sociale. Cette démarche inclut la suppression de la « suspension » de la réforme Borne sur les retraites, qui prévoyait de reculer l’âge légal de départ à 64 ans. Les sénateurs de droite et du centre, majoritaires à la Chambre haute, ont ainsi affiché leur désaccord avec la mesure phare du projet de loi, qui avait été concédée par le premier ministre aux socialistes.
La sénatrice LR Pascale Gruny a qualifié la suspension de la réforme de « poudre de perlimpinpin », soulignant que son financement reposerait « sur les retraités eux-mêmes ». La rapporteuse générale centriste Elisabeth Doineau a affirmé que « le Sénat ne peut pas se renier sur une réforme qu’il a soutenue depuis des années ». Cette décision a provoqué la vive indignation de la gauche. Bernard Jomier (groupe socialiste) a dénoncé un « raidissement très net » de la droite et des centristes, tandis que l’écologiste Anne Souyris a regretté une « démarche de non-construction ».
Outre le rétablissement de la réforme des retraites, les sénateurs ont également proposé le gel des prestations sociales en 2026, habituellement indexées sur l’inflation. Cette mesure, ainsi que le gel des pensions de retraite (à l’exception de celles inférieures à 1 400 euros), avait été supprimée par les députés. Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics, a appelé au compromis, tout en reconnaissant qu’il serait « difficile d’imaginer qu’on puisse dégeler toutes les retraites et toutes les prestations sociales ».
Ces propositions visent à maîtriser le déficit de la Sécurité sociale, que le gouvernement avait initialement fixé à 17,5 milliards d’euros. Après le passage du texte à l’Assemblée, ce déficit est estimé à plus de 24 milliards d’euros par le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, une estimation partagée par les services parlementaires. Les travaux de la commission des affaires sociales du Sénat aboutiraient, à ce stade, à ramener le déficit à 15,1 milliards d’euros. Les sénateurs se sont également opposés à une augmentation de la CSG sur les revenus du capital, mesure qui devait rapporter 2,8 milliards d’euros en 2026 et avait été adoptée par les députés socialistes.






