
Le colloque sur la Palestine, initialement annulé par le Collège de France en raison d’une « polémique entourant sa tenue », se tiendra finalement les jeudi et vendredi au Centre arabe de recherches et d’études politiques (Carep) de Paris. Cet organisme, co-organisateur de l’événement, a confirmé son maintien. Le Collège de France avait annoncé dimanche l’annulation de ce colloque, intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », co-organisé par l’historien Henry Laurens. L’établissement avait justifié sa décision par la nécessité de garantir la « sérénité des débats » et de préserver sa « stricte neutralité » face aux questions politiques ou idéologiques, ainsi que pour des raisons de sécurité.
Le Carep a exprimé ses remerciements aux intervenants et aux nombreux universitaires, chercheurs et étudiants ayant manifesté leur attachement à la liberté académique. Le centre a précisé que la décision d’annulation, survenue durant un week-end prolongé, avait rendu la réorganisation complexe. Le nouveau lieu, situé dans le 13e arrondissement de Paris, ne permettra pas d’accueillir tout le public prévu, mais l’événement sera diffusé en direct et intégralement enregistré.
Pour le directeur du Carep, Salam Kawakibi, cette annulation relève d’une « ère de maccarthysme à la française », qualifiant de « scandaleux » l’empêchement d’une « conférence scientifique de haut niveau, avec des spécialistes des quatre coins du monde, dont des Israéliens ». Il a attribué cette situation à des pressions de l’extrême droite, de la Licra et du Crif, déplorant la « méchanceté et l’ignorance » des accusations de liens entre le Carep et les Frères musulmans. Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens et invitée du colloque, s’est dite « soulagée » d’un lieu alternatif, mais « surprise » de l’ingérence gouvernementale française dans une académie.
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, avait qualifié l’annulation de « responsable », affirmant avoir relayé auprès de l’administrateur du Collège de France des « alertes » reçues, notamment de la communauté académique. Il avait jugé que le colloque, tel que programmé, risquait de ne pas réunir les conditions d’un débat libre, respectueux et pluriel. Cependant, il a précisé n’avoir pas demandé l’annulation, la responsabilité incombant aux dirigeants d’établissement. Près de 2 200 chercheurs, enseignants et étudiants ont signé une pétition réclamant la démission de Philippe Baptiste, estimant que cette annulation constitue une « grave atteinte aux libertés académiques et scientifiques ».






