
La rémunération potentielle colossale d’Elon Musk, votée par les actionnaires de Tesla, marque un tournant dans le capitalisme américain. Cette décision, lui permettant d’acquérir jusqu’à 12 % de l’entreprise, divise. D’un côté, des figures comme le sénateur Bernie Sanders dénoncent un culte de l’argent et une indécence sans précédent. De l’autre, les actionnaires pragmatiques y voient un moyen de motiver Musk à quintupler la valeur de Tesla, une pratique courante dans la finance non cotée.
Ce débat entre morale et opportunisme révèle une particularité américaine : la fortune des milliardaires y suscite moins de troubles sociaux qu’en Europe. Contrairement à ses prises de position politiques, la fortune d’Elon Musk n’a pas engendré de puissantes campagnes de protestation, même si le coût de la vie reste une préoccupation majeure.
Cependant, les concessions faites par les actionnaires soulèvent des questions. Des concurrents comme le chinois BYD prospèrent dans l’électrique sans de telles rémunérations. L’engagement de Musk envers Tesla est également incertain, avec ses projets ambitieux dans l’intelligence artificielle et xAI, fusionné avec X (ex-Twitter). La crainte de voir Musk quitter Tesla, menaçant la valeur de l’entreprise dont il est l’homme-orchestre, semble avoir été un facteur déterminant pour les actionnaires. Certains y voient un rapport de force, d’autres un chantage.
Au-delà des aspects financiers, cette rémunération semble relever de la science-fiction, impliquant de transformer Tesla en géant des robots-taxis et humanoïdes. Si Musk a déjà prouvé sa capacité à révolutionner l’automobile et l’espace avec SpaceX, ce nouveau pacte a surtout pour but de le positionner en figure de surhomme. Cette dérive, qui concerne une part croissante de la tech américaine, symbolise une hubris et une indécence qui ne connaissent plus de limites, à l’image du comportement de Donald Trump en politique. Il est peut-être temps de rompre avec cette tendance.






