
L’accord commercial tant débattu entre l’Union européenne et le Mercosur continue de susciter des remous. Alors qu’il vise à fluidifier les échanges de biens tels que les voitures et les machines européennes contre du bœuf et de la volaille sud-américains, la position d’Emmanuel Macron, initialement jugée plutôt positive, a ravivé les tensions avec le secteur agricole français. Le président français a en effet déclaré, jeudi 6 novembre, être « plutôt positif » quant à l’acceptation de l’accord, tout en soulignant qu’il restait « vigilant » pour défendre les intérêts de la France.
Ces propos, tenus en marge du sommet précédant la COP30 à Belém, au Brésil, ont été nuancés par le président, qui a précisé vendredi qu’il continuait de « se battre » et d’attendre des « réponses claires ». Il a insisté sur la cohérence de sa position, affirmant que l’accord, jugé « pas acceptable en l’état » par le passé, était en cours de modification grâce à l’intégration de clauses de sauvegarde. Celles-ci permettraient, en théorie, d’augmenter temporairement les droits de douane sur les produits agricoles du Mercosur en cas de préjudice pour l’agriculture européenne. La Commission européenne doit d’ailleurs travailler avec le Mercosur dans les prochaines semaines pour que ces clauses soient acceptées.
Malgré ces assurances, la réaction des syndicats agricoles a été virulente. La FNSEA a dénoncé un « reniement total » et une « rupture avec l’agriculture française », exprimant sa colère face à cette déclaration faite au Brésil, « au cœur du territoire de nos concurrents agricoles ». Arnaud Rousseau, son président, a appelé les eurodéputés français à « faire bloc » contre cet accord qu’il juge « inacceptable ». Des organisations comme la Coordination rurale et la Confédération paysanne ont également exprimé leur indignation, qualifiant l’accord de « mort de l’agriculture » et de « trahison », rappelant les engagements précédents du président. Même la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a reconnu que les garanties obtenues étaient encore insuffisantes, soulignant que « le compte n’y est pas ».
Dans ce contexte tendu, la présidence brésilienne a annoncé mercredi que Luiz Inacio Lula da Silva et Ursula von der Leyen étaient « disposés à signer » l’accord lors du sommet du Mercosur, prévu le 20 décembre à Rio de Janeiro. L’issue de cet accord, qui doit encore être approuvé par les 27 pays membres de l’UE, reste incertaine face à la forte opposition du monde agricole français.







