Shein-BHV-Paris-protest
L'ouverture de la première boutique physique de Shein au BHV Marais à Paris a déclenché une vague de protestations. Des élus et marques dénoncent un « pacte avec le diable » face aux enjeux éthiques et environnementaux de la fast-fashion. Le BHV espère relancer son activité malgré les controverses.

L’ouverture de la première boutique physique de Shein au BHV Marais, le mercredi 5 novembre, a créé une véritable scission dans le paysage parisien. D’un côté, une foule de clients impatients attendait depuis des heures rue de Rivoli, attirée par le géant de la fast-fashion. De l’autre, rue des Archives, des élus de gauche, dont Emmanuel Grégoire, candidat socialiste à la Mairie de Paris, Ian Brossat (PCF) et David Belliard (EELV), ont fermement dénoncé cette initiative lors d’une conférence de presse.

Pour Emmanuel Grégoire, ce partenariat entre le mastodonte chinois et le magasin historique parisien, fondé en 1856, est une « forme de pacte avec le diable ». Il a qualifié cette collaboration de « faute morale, politique et économique », remettant en question la pérennité du modèle de développement ainsi promu. Cette opposition s’inscrit dans un contexte plus large de critiques envers Shein, concernant notamment ses pratiques de travail, son impact environnemental et ses tactiques de marketing.

L’arrivée de Shein à Paris, présentée comme une « première mondiale » par Frédéric Merlin, président de la Société des Grands Magasins (SGM) qui gère le BHV Marais, a suscité un tollé généralisé. Des syndicats, des marques de mode françaises et même la mairie de Paris ont exprimé leur désaccord. Une pétition en ligne contre ce partenariat a recueilli plus de 120 000 signatures, tandis que plusieurs marques indépendantes ont retiré leurs produits du BHV en signe de protestation.

La controverse a été exacerbée par l’affaire récente des poupées sexuelles à l’apparence enfantine vendues sur le site de Shein, poussant le gouvernement français à menacer de suspendre l’accès à la plateforme si de tels contenus réapparaissaient. Malgré ces pressions, le BHV a maintenu son ouverture, arguant que cette collaboration permettrait d’attirer une clientèle plus jeune et de revitaliser le commerce. Frédéric Merlin a néanmoins assuré avoir vérifié la provenance des produits et les processus de fabrication pour garantir des conditions éthiques.

Cette alliance intervient alors que le BHV Marais traverse des difficultés financières, avec une fréquentation en baisse et des pertes croissantes. La Société des Grands Magasins (SGM) espère que l’intégration de Shein, qui doit également s’étendre à cinq autres magasins Galeries Lafayette en région (Angers, Dijon, Grenoble, Limoges, Reims), contribuera à dynamiser l’activité. Cependant, les Galeries Lafayette ont annoncé la fin de leur contrat d’affiliation avec la SGM en raison de ce partenariat.