
À leur arrivée sur le marché du travail, les travailleurs immigrés perçoivent des salaires nettement inférieurs à ceux des natifs du pays d’accueil, même à âge et sexe équivalents. C’est l’une des conclusions majeures d’une récente étude publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cependant, la situation salariale de ces travailleurs tend à s’améliorer au fil du temps, en grande partie grâce à leur capacité à changer d’entreprise et à progresser.
L’étude de l’OCDE, qui a analysé les données de plus de sept millions d’immigrants dans une quinzaine de pays, dont la France, l’Allemagne et les États-Unis, révèle un écart moyen de 34 % de salaire en moins pour les étrangers à leur entrée dans l’emploi par rapport aux natifs. En France, cet écart s’élève à 28 %, un chiffre similaire à celui du Danemark et du Portugal, tandis qu’il atteint 45 % en Italie. Ces différences de revenus s’expliquent par plusieurs facteurs que l’OCDE a cherché à décrypter.
Une part significative de cet écart s’explique par la concentration des immigrés dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs, tels que les services (nettoyage, sécurité), l’hôtellerie-restauration ou l’agriculture. De plus, au sein même de ces secteurs, ils sont souvent employés dans des entreprises moins productives, de plus petite taille et qui emploient davantage d’étrangers, offrant ainsi des rémunérations moindres. Ana Damas de Matos, économiste et co-auteure de l’étude, souligne que les réseaux informels jouent un rôle important dans l’embauche, favorisant ainsi le regroupement d’immigrés dans des environnements de travail où la discrimination à l’embauche est moins présente.
Les deux tiers de l’écart de rémunération initial entre natifs et étrangers seraient imputables au secteur d’emploi et au type d’entreprise. D’autres facteurs contribuent également à ce désavantage, comme la plus grande fréquence du travail à temps partiel chez les immigrés, souvent subi, notamment en France, ainsi que l’occupation de postes moins bien rémunérés au sein d’une même entreprise. Même à profession égale, un écart persiste, que les chercheurs attribuent à des éléments tels que l’ancienneté, l’expérience, la maîtrise de la langue, le niveau de formation ou encore des discriminations sous-jacentes.








