Philippe-Aghion
Le Prix Nobel Philippe Aghion critique le niveau de certains députés et alerte sur les risques d'une absence de vote budgétaire et d'une taxe nationale sur les multinationales.

Le Prix Nobel d’économie Philippe Aghion a lancé un appel aux députés ce lundi matin sur Franceinfo, soulignant l’importance d’un vote sur le budget. Alors que les débats sur la partie « recettes » du budget se clôturent après huit jours, la perspective d’un vote solennel à l’Assemblée nationale s’éloigne, l’examen progressant trop lentement. Selon Aghion, certains parlementaires ne font pas preuve d’un sens des responsabilités suffisant. L’expert prévient qu’une censure du gouvernement et l’absence de vote budgétaire pourraient entraîner une hausse du spread et une baisse de la bourse. Il explique qu’une augmentation des taux d’intérêt conduirait à un appauvrissement général des Français.

Le projet de loi de finances, tel que présenté par le gouvernement, est jugé « raisonnable » par Philippe Aghion, avec un « bon équilibre entre effort fiscal et baisse des dépenses », ainsi que des pistes claires concernant les niches fiscales et les holdings patrimoniales. Cependant, il déplore une « improvisation fiscale » constante. Pour lui, le coût d’un désaccord est bien plus élevé que les sacrifices demandés. Il a également partagé son expérience en commission économique à l’Assemblée nationale, se disant « atterré par le niveau » de certains députés qui, selon lui, « ne comprennent rien à l’économie, ne s’informent pas, ne lisent pas » et ne font pas leur travail sérieusement.

Interrogé sur la taxe sur les multinationales, votée la semaine dernière, Philippe Aghion a qualifié la mesure d’« irréaliste ». Cette taxe vise à imposer les bénéfices des multinationales proportionnellement à leur activité en France. Il met en garde contre le risque de transformer la France en « prison fiscale » si cette mesure ne s’applique qu’au niveau national, ce qui pousserait les entreprises à s’installer ailleurs. Il insiste sur la nécessité d’un impôt au minimum européen, expliquant que des pays comme la Suède et le Danemark n’ont pas adopté une telle taxe car ils sont « responsables et savent les conséquences que cela aurait ». Il conclut en affirmant que « trop d’impôt tue l’impôt » et qu’il faut « taxer raisonnablement ».