
Une opération policière d’une ampleur inédite à Rio de Janeiro, menée le mardi 28 octobre, est devenue la plus meurtrière de l’histoire de la ville. Initialement, au moins 64 personnes ont péri lors de raids contre l’un des principaux gangs de narcotrafiquants du Brésil, un bilan qui a ensuite été réévalué à au moins 132 morts par les services du Défenseur public. Parmi les victimes figurent quatre policiers. L’intervention s’est déroulée dans les favelas de Penha et d’Alemao, au nord de Rio, transformant ces quartiers densément peuplés en véritable théâtre de guerre.
L’opération, qui a mobilisé 2 500 agents des forces de l’ordre, a ciblé le Comando Vermelho (Commando Rouge), l’une des factions criminelles majeures du Brésil. Ce groupe, dont les origines remontent aux prisons de Rio dans les années 1970, est connu pour son contrôle territorial et son implication dans divers marchés illicites. Des tirs intenses, des barricades de bus et des incendies ont caractérisé ces affrontements. Le gouverneur de l’État de Rio, Claudio Castro, un allié de l’ex-président Jair Bolsonaro, a salué l’action comme un succès, annonçant la « neutralisation de 60 criminels » et l’arrestation de 81 autres, ainsi que la saisie de 100 fusils d’assaut et d’une « énorme quantité de drogue ».
Cependant, l’ampleur et la violence de cette opération ont suscité une onde de choc nationale et internationale. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « horrifié » et a réclamé des « enquêtes rapides » sur les circonstances de ces décès. Des organisations de la société civile, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé une « énorme tragédie » et ont critiqué les politiques de sécurité brésiliennes, les jugeant inefficaces et les accusant de transformer les favelas en « territoires ennemis ». En 2024, les interventions policières à Rio ont déjà causé la mort d’environ 700 personnes, soit près de deux par jour.
Cette opération dépasse désormais le précédent raid le plus meurtrier de Rio, qui avait fait 28 morts en une seule journée dans la favela de Jacarezinho en 2021. La violence a également eu des répercussions majeures sur la vie quotidienne des habitants : la fermeture d’une quarantaine d’écoles et la suspension des services dans des unités de santé ont affecté plus de 200 000 résidents. Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des scènes de désolation, avec des colonnes de fumée et des corps alignés, témoignant de l’intensité des combats.






