
Les débats budgétaires qui se déroulent actuellement au Palais Bourbon témoignent d’une évolution notable des pratiques parlementaires. Contrairement à l’année précédente, l’hémicycle est fréquenté et les discussions de fond prévalent, marquant une rupture avec les précédentes sessions budgétaires où l’opposition avait réécrit un budget qualifié de « Frankenstein » à la suite d’une désertion des rangs macronistes et Républicains. La décision du ministre Sébastien Lecornu de ne pas employer l’article 49.3 pour l’adoption de son projet de loi est un facteur clé de ce changement, redonnant de l’importance aux échanges parlementaires.
L’an dernier, les débats s’étaient résumés à des prises de parole de La France Insoumise, le gouvernement ayant finalement eu recours au 49.3. Cette année, l’atmosphère est différente : des bancs remplis, des débats approfondis et des négociations entre députés illustrent un véritable renouveau du parlementarisme.
Cependant, les débats avancent lentement. Les députés ont examiné seulement 5 articles sur les 81 que contient le texte budgétaire. Il ne reste que 42 heures pour boucler la première partie du budget, nécessitant l’étude de près de 60 amendements par heure. Malgré cette lenteur, il est notable que les députés débattent de nombreux points cruciaux, comme la prolongation d’une surtaxe sur les bénéfices des entreprises, une mesure ayant permis de grappiller environ 6 milliards d’euros. Les socialistes ont d’ailleurs obtenu des ajustements sur les seuils d’imposition pour une contribution plus équitable du secteur privé. La « taxe Zucman », proposée par la gauche et visant les patrimoines les plus élevés, devrait également être discutée cette semaine.
Cette mobilisation contraste avec l’image d’une Assemblée amorphe observée lors des précédents débats budgétaires. Le Premier ministre Sébastien Lecornu poursuit ses pourparlers pour tenter de trouver des compromis, dans un contexte où les débats en première lecture doivent être clos le 4 novembre. Sans majorité absolue, le gouvernement navigue entre les concessions à la gauche et les tensions avec la droite et le Rassemblement National, cherchant à faire adopter le budget sans utiliser le 49.3.





