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La Tunisie a suspendu les activités de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) pour un mois, suscitant l'indignation de la société civile qui dénonce une restriction des libertés et une « criminalisation de l'action civile ».

L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), une organisation féministe historique fondée en 1989, a annoncé la suspension de ses activités pour un mois par les autorités tunisiennes. Cette décision a provoqué une vague d’indignation au sein de la société civile, de nombreuses ONG dénonçant une restriction croissante des libertés dans le pays.

La présidente de l’ATFD, Raja Dahmani, a déclaré que la suspension était due à des « infractions présumées » à la réglementation sur les associations. Cependant, l’ATFD affirme avoir « régularisé totalement les procédures légales » suite à une notification en novembre 2024. L’association a annoncé qu’elle ferait appel de cette décision qu’elle juge arbitraire.

D’autres organisations influentes, comme le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), ont exprimé leur « pleine solidarité » avec l’ATFD. Le FTDES dénonce une « criminalisation de l’action civile » et estime que cette suspension s’inscrit dans une série de mesures visant à « restreindre l’espace civil en Tunisie », affectant des dizaines d’associations. La juriste et militante féministe Sana Ben Achour a, pour sa part, qualifié cette décision de volonté du pouvoir de « démanteler le tissu associatif » tunisien.

Depuis le coup de force du président Kaïs Saïed en 2021, les ONG tunisiennes et internationales signalent une régression significative des droits et libertés. Des enquêtes judiciaires ont été ouvertes sur les financements étrangers de diverses organisations de la société civile, et certaines sources indiquent que 47 associations ont été dissoutes et les avoirs de 36 autres gelés. Le FTDES interprète ces suspensions et contrôles comme une « politique délibérée de répression des militants associatifs », destinée à « affaiblir les associations indépendantes » et à « intimider la société civile » dans son ensemble.