Le secteur de la défense s’impose comme une mégatendance multigénérationnelle, avec des budgets militaires mondiaux en forte hausse. Selon le Sipri, les dépenses ont bondi de 9,4 % en 2024. L’Europe, en particulier, affiche une ambition renouvelée avec le plan ReArm Europe, visant à mobiliser 800 milliards d’euros d’ici à 2030, dont 650 milliards provenant des marges budgétaires. La France s’engage avec une loi de programmation militaire de 413 milliards d’euros jusqu’en 2030, prévoyant 68 milliards annuels dès 2030, avec l’objectif de 100 milliards, soit près de 3 % du PIB. L’Allemagne suit cette dynamique en mobilisant 100 milliards via un fonds spécial, et sa coalition prévoit un plan de relance de 500 milliards sur douze ans.
Cette croissance est motivée par un impératif de souveraineté. La rupture des chaînes d’approvisionnement mondiales a mis en lumière les dépendances des nations, rendant la production et le financement en Europe essentiels. Actuellement, 64 % des importations d’armes des pays européens de l’OTAN proviennent encore des États-Unis, soulignant l’enjeu stratégique. Les perspectives de marché sont donc excellentes. Des entreprises comme Dassault ont des carnets de commandes pleins pour les dix prochaines années avec le Rafale, et Rheinmetall anticipe un quadruplement de son chiffre d’affaires d’ici à 2030, avec des marges en progression. Les bénéfices par action des valeurs européennes de défense devraient croître de près de 30 % d’ici à 2027, surpassant les performances américaines.
La dynamique favorable ne concerne pas uniquement les grandes entreprises cotées en bourse. La base industrielle et technologique de défense française est riche de 4 500 PME et ETI, générant 220 000 emplois. Soutenir financièrement ces industriels de taille modeste est crucial pour construire une industrie résiliente. La direction générale de l’armement a créé en 2025 un club des investisseurs de la défense, ayant pour but d’orienter l’épargne privée vers ces acteurs, considérés comme des maillons essentiels de la chaîne de valeur. Cette initiative vise à renforcer la capacité industrielle européenne et à garantir une autonomie stratégique face aux défis géopolitiques actuels.
