
L’agence de notation S&P Global Ratings (anciennement Standard and Poor’s) a annoncé le vendredi 17 octobre une dégradation de la note souveraine de la France, passant de AA− à A+. Cette décision, qui était attendue mais non à cette date, place désormais la France à la cinquième meilleure note, contre la quatrième précédemment. S&P a justifié cette accélération de son calendrier par le « chaos politique français », plus que par la simple dégradation des comptes publics.
L’agence a explicitement lié cette décision aux « récentes motions de censure au Parlement », qui limitent, selon elle, les progrès en matière de consolidation des finances publiques. La bataille rangée entre parlementaires, avec l’élection présidentielle en ligne de mire, laisse peu d’espoir d’une réduction significative du déficit. S&P estime que l’incertitude sur les finances publiques « va rester élevée jusqu’en 2027 », citant comme exemple la suspension de la réforme des retraites par le nouveau gouvernement, une victoire politique pour le Parti socialiste.
Le rapport de S&P est particulièrement sévère quant à l’état politique du pays, soulignant que la France connaît « l’instabilité la plus sévère depuis la création de la Ve République en 1958 ». L’agence rappelle qu’Emmanuel Macron a dû faire face à deux Parlements sans majorité et à une fragmentation politique croissante depuis mai 2022, ce qui a mené à six Premiers ministres en seulement trois ans.
Dans ce contexte, S&P se montre sceptique quant aux promesses budgétaires du gouvernement de Sébastien Lecornu pour l’année prochaine. Si le déficit annoncé par Bercy à 5,4 % du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 devrait être tenu, l’agence prévoit pour 2026 un déficit de 5,3 % du PIB, bien au-delà de l’objectif gouvernemental de 4,7 %. Concernant la dette, qui était de 112 % du PIB fin 2024, S&P anticipe une augmentation à 121 % d’ici fin 2028.