
Depuis plusieurs semaines, le Rassemblement National (RN) met en avant sa capacité à réaliser des économies substantielles dans le budget de l’État, affirmant pouvoir dégager des dizaines de milliards d’euros pour financer son programme. Jordan Bardella, président du parti, a même évoqué un chiffre ambitieux de 100 milliards d’euros sur cinq ans dans une lettre adressée aux entrepreneurs en septembre dernier.
Cependant, le détail précis de ces économies reste flou. Sollicité à plusieurs reprises, le RN n’a pas fourni de chiffrage exhaustif permettant de comprendre comment ce montant serait atteint. Bien que le groupe parlementaire du RN ait partagé des éléments de réflexion budgétaire, des analyses externes suggèrent que le parti surestime la portée de ses mesures. Certaines de ces propositions pourraient en outre se heurter à des obstacles constitutionnels ou aux règles de l’Union européenne.
Parmi les pistes d’économies envisagées par le RN figurent la lutte contre la fraude, la suppression de l’Aide Médicale d’État (AME) remplacée par une Aide d’Urgence Vitale, la réforme des allocations sociales pour les étrangers, et une baisse de la contribution de la France au budget de l’UE. Cependant, la faisabilité de ces mesures est remise en question. Par exemple, la réduction de la contribution française au budget européen est considérée comme difficile à mettre en œuvre rapidement, les budgets étant établis pour sept ans.
L’objectif du RN de ramener le déficit sous la barre des 3 % nécessiterait soit une croissance économique spectaculaire, soit des choix drastiques, comme des économies supplémentaires, un désinvestissement dans les services publics, ou l’abandon de certaines promesses en matière de baisses d’impôts et de réformes des retraites. Des experts ont chiffré le programme du RN pour les législatives 2024 et estiment qu’il pourrait accroître le déficit public de 71 milliards d’euros par an, en raison de nouvelles dépenses et baisses d’impôts. La dette de la France étant déjà élevée, la mise en œuvre de ce programme pourrait menacer la crédibilité budgétaire du pays à l’international et au niveau européen.