
L’augmentation spectaculaire de la richesse financière et immobilière par rapport au produit intérieur brut (PIB) est une tendance marquante dans la plupart des économies avancées. Ce phénomène est clairement observable aux États-Unis, en France et en Espagne. Aux États-Unis, la richesse financière des ménages est passée de 335 % du PIB en 2000 à 447 % en 2024, tandis que leur patrimoine immobilier a bondi de 207 % à 246 %. En France, ces ratios sont respectivement de 202 % à 222 % pour la richesse financière, et de 226 % à 310 % pour l’immobilier. En Espagne, la richesse financière a légèrement augmenté de 173 % à 180 %, et la valeur des biens immobiliers de 252 % à 326 %.
Cette évolution témoigne d’une transformation économique profonde, principalement tirée par la hausse des marchés financiers et du secteur immobilier. Aux États-Unis, l’indice Standard & Poor’s 500 (S&P 500) a progressé de 849 % de la fin des années 1990 à aujourd’hui, tandis que le PIB nominal n’a crû que de 240 %. Dans la zone euro, l’Euro Stoxx 50 a connu une hausse de 83 % depuis 2010, contre seulement 65 % pour le PIB. De même, les prix des logements ont grimpé de 240 % outre-Atlantique et de 155 % en Europe depuis la fin des années 1990. La richesse accumulée croît donc plus rapidement que la production réelle, perturbant les équilibres économiques traditionnels.
L’accroissement du poids de la richesse par rapport au revenu national a des répercussions significatives sur la situation économique. Lorsque la valeur des actifs augmente, les effets sur la demande et la production deviennent prépondérants. Les ménages, se sentant plus aisés, ont tendance à consommer davantage et à épargner moins, ce qui soutient la croissance à court terme. Inversement, une chute des marchés peut entraîner un ralentissement brutal, impactant la consommation et l’investissement. La dynamique économique dépend ainsi de plus en plus du prix des actifs financiers et immobiliers, et de moins en moins des revenus ou de la productivité. Cette dépendance croissante rend la croissance plus instable et davantage sujette à la spéculation qu’à la création de valeur réelle.