
Trois mois après l’annonce d’une hausse record de la pauvreté en France en 2023, touchant 15,4 % de la population, les projets de lois de finances et de financement de la Sécurité sociale, révélés le mardi 14 octobre, prévoient des mesures d’économies. Ces décisions risquent d’aggraver la situation des personnes démunies, tant en nombre qu’en niveau de vie.
L’Insee a rapporté que 9,8 millions de personnes en France métropolitaine vivaient sous le seuil de pauvreté l’année dernière, défini comme 60 % du revenu médian, soit 1 288 € par mois pour un adulte seul en 2023. Cette augmentation reflète un creusement des inégalités socio-économiques, face à une inflation persistante, une hausse des coûts du logement et une croissance salariale limitée.
Malgré des augmentations de crédits pour le pacte des solidarités (+5 millions d’euros), l’aide alimentaire (+10 millions d’euros) et la lutte contre le sans-abrisme (+110 millions d’euros), la décision d’une « année blanche » a soulevé de vives critiques. Cette mesure consiste à geler les montants des prestations sociales indexées, ce qui inclut le revenu de solidarité active (RSA), la prime d’activité, les pensions de retraite, l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA, ex-minimum-vieillesse), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), les aides au logement (APL) et les allocations familiales. Cette politique permettrait d’économiser 3,8 milliards d’euros de dépenses publiques.
Les associations de lutte contre la pauvreté craignent que ces coupes budgétaires ne fassent qu’accroître la précarité. En effet, le gel des prestations sociales, sans ajustement à l’inflation, équivaut à une baisse de leur pouvoir d’achat pour les bénéficiaires. Alors que le gouvernement cherche à réduire le déficit budgétaire, cette approche risque d’affecter durement les ménages les plus vulnérables.