
Bouygues Telecom, Iliad (maison mère de Free) et Orange ont déposé une offre non engageante pour acquérir la majorité des actifs de SFR, filiale du groupe Altice France. L’annonce, faite le mardi 14 octobre, valorise ces actifs à 17 milliards d’euros, avec une répartition envisagée de 43 % pour Bouygues Telecom, 30 % pour Iliad et 27 % pour Orange. Cette proposition intervient après une restructuration financière majeure d’Altice France, qui a réduit sa dette colossale de plus de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros au 1er octobre.
Cette opération, si elle aboutit, marquerait un tournant historique pour le marché français des télécoms, en le reconfigurant autour de trois opérateurs majeurs, une situation inédite depuis l’arrivée de Free mobile en 2012. Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, a qualifié cette offre de « première étape » d’un « long processus », tout en soulignant l’engagement des trois entreprises à renforcer les investissements dans la résilience des réseaux très haut débit, la cybersécurité et les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle.
Dans le détail, Bouygues Telecom et Iliad reprendraient les activités de SFR dédiées aux entreprises, tandis que les services aux particuliers, les infrastructures et les fréquences seraient partagés. Le réseau mobile de SFR dans les zones moins denses serait exclusivement géré par Bouygues Telecom. L’offre exclut certaines participations d’Altice France, notamment Intelcia, UltraEdge, XP Fibre et Altice Technical Services, ainsi que les activités du groupe dans les territoires d’outre-mer.
Malgré l’optimisme affiché par Olivier Roussat, de « nombreuses étapes » restent à franchir. L’offre, non engageante, doit d’abord être acceptée par Altice France, dont Patrick Drahi est l’actionnaire majoritaire. Cette phase pourrait entraîner des négociations sur le prix, avant la soumission d’une offre définitive. Si une proposition ferme est acceptée, l’examen par les autorités de la concurrence pourrait durer environ dix-huit mois, un processus « long et sans garantie de succès », selon Bouygues Telecom.
Cette éventuelle acquisition suscite également des craintes concernant la pérennité des emplois chez SFR. Les salariés ont exprimé leurs inquiétudes, et le plan d’allègement de la dette d’Altice France a déjà été contesté par plusieurs syndicats. Une audience d’appel concernant le plan de sauvegarde accélérée d’Altice France est prévue le 4 novembre.