
Ces cinq dernières années, le nombre de dossiers traités par l’Autonome de solidarité laïque (ASL), association œuvrant pour la protection juridique des enseignants, a bondi de 23 %. L’ASL dénonce une violence « banalisée » et appelle à « restaurer l’autorité » des enseignants. Il est urgent de mettre fin à la « maltraitance institutionnelle », de rompre l’isolement des personnels et de restaurer l’autorité de ceux qui incarnent l’école, alerte l’association dans son dernier baromètre.
Depuis le début de la crise du Covid, le nombre de dossiers traités par les services de l’ASL, qui incluent enseignants, directeurs et AESH, a augmenté de 23 %, atteignant 12 374 en 2024-2025. Rien que sur la dernière année scolaire, ce pourcentage a grimpé de 14 points. L’an dernier, près d’un tiers des dossiers concernait des diffamations ou des dénonciations calomnieuses, en hausse de 176 % en cinq ans. Environ 20 % des dossiers étaient liés à des agressions physiques ou verbales, précise Jean-Louis Linder, président de l’ASL. 90 % des agressions recensées sont verbales. Dans le primaire, les insultes sont généralement proférées par les parents, tandis que dans le second degré, elles émanent davantage des élèves eux-mêmes.
Aurélie Gagnier, porte-parole du Snuipp-FSU, souligne un « refus de l’autorité » des enseignants de la part des parents, affectant particulièrement les directeurs d’école. Un constat partagé par Johanna Cornou du syndicat SE-Unsa, qui déplore le temps considérable passé à gérer les conflits avec les familles. Selon elle, tout est prétexte à l’agacement des parents, transformant l’école en reflet de notre société. Jean-Rémi Girard, président du Snalc, alerte sur l’intensification de la violence, notamment depuis les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, et la hausse des agressions avec armes blanches. La violence à l’école est devenue « banale » et « inquiétante ».
Face à ce constat alarmant, les enseignants se sentent isolés et dénoncent un « manque de considération des politiques ». Jean-Louis Linder (ASL) insiste sur la nécessité de simplifier l’octroi de la protection fonctionnelle. Seuls 4 % des dossiers reçus ont mené à un dépôt de plainte, et la protection fonctionnelle n’a été accordée que dans un quart de ces cas. Sans moyens supplémentaires pour la santé mentale des élèves et le recrutement d’effectifs, Aurélie Gagnier craint que la violence ne continue de s’installer durablement à l’école.