
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, met en garde contre la suspension de la réforme des retraites, la qualifiant d’« erreur économique » et de « mesure irresponsable » envers les générations futures. Elle insiste sur la nécessité de maintenir cette réforme pour éviter une dérive financière majeure pour la France. Selon elle, abandonner cette réforme engagée en 2023 serait une erreur stratégique aux conséquences désastreuses pour l’économie française et ses citoyens.
Le système de retraites français est confronté à un défi démographique inévitable. L’allongement de l’espérance de vie et l’arrivée à la retraite des générations du baby-boom dégradent inéluctablement le ratio entre actifs et retraités. Valérie Pécresse estime que sans ajustement, le déficit du système atteindrait des niveaux insoutenables, aggravant une dette publique déjà supérieure à 110% du PIB. La France se distingue en Europe avec un âge de départ à 62 ans, tandis que ses voisins comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni partent à 67 ans, et même la Suède à 66 ans.
La réforme, qui repousse l’âge légal de départ à 64 ans, devrait générer environ 17 milliards d’euros d’économies par an à l’horizon 2030. Ces économies ne sont pas minimes ; elles représentent un signal fort aux partenaires européens et aux marchés financiers quant à la capacité de la France à maîtriser ses finances publiques. Annuler cette réforme enverrait un message catastrophique aux investisseurs internationaux, d’autant plus que la France est déjà sous surveillance de la Commission européenne. Renoncer à cet effort d’assainissement budgétaire serait perçu comme un aveu d’impuissance politique, entraînant une hausse de la prime de risque sur la dette française.
Une augmentation des taux d’intérêt, conséquence directe d’une dégradation de la signature budgétaire, impacterait l’ensemble de l’économie. Les entreprises verraient leurs coûts de financement s’accroître, pénalisant l’investissement et l’innovation. Les ménages subiraient une hausse des taux immobiliers, fragilisant le secteur du logement et réduisant le pouvoir d’achat. La France risquerait de devenir « l’homme malade » de la zone euro si elle ne maintient pas une discipline budgétaire stricte, à l’instar de ses voisins européens. Maintenir cette réforme est donc essentiel pour préserver le modèle social français et éviter des coupes budgétaires brutales dans la santé, l’éducation et les infrastructures.
La réforme des retraites, bien qu’impopulaire, est une condition de la viabilité du pacte social français à long terme. Pécresse souligne qu’elle peut être améliorée pour mieux prendre en compte la pénibilité des métiers ou les carrières incomplètes, mais elle reste indispensable pour financer les services publics essentiels et les défis futurs tels que la transition écologique, le vieillissement de la population ou l’innovation. Elle conclut que cet effort est nécessaire pour préserver la souveraineté économique et le modèle social de la France, considérant un abandon comme une capitulation face aux défis actuels.