Ce jeudi, Robert Badinter fera son entrée au Panthéon. Cependant, son corps ne quittera pas le carré juif du cimetière de Bagneux où il repose. Sa mémoire sera honorée de manière symbolique, à travers des objets qui ont marqué son engagement pour la justice, notamment son combat acharné contre la peine de mort.
Élisabeth Badinter, son épouse, a précisé dans une interview à Libération que cette cérémonie représente un « second enterrement, comme un deuil ultime ». Elle a insisté sur le fait que le corps de son mari restera à Bagneux, souhaitant ne pas être séparée de lui. Cette décision intervient malheureusement après la profanation de sa tombe, quelques heures seulement avant cette reconnaissance nationale.
La représentation symbolique de Robert Badinter au Panthéon se fera par cinq objets soigneusement choisis, représentatifs de son action et de ses inspirations. Parmi eux, sa robe d’avocat, témoin de ses plaidoiries retentissantes contre la guillotine, surnommée la « veuve rouge ».
Une copie de son discours historique prononcé devant l’Assemblée nationale pour l’abolition de la peine de mort sera également présente, avec sa célèbre citation : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue ». Trois livres viendront compléter cet hommage : « Idiss », un hommage touchant à sa grand-mère, la biographie de Nicolas de Condorcet coécrite avec son épouse, et « Choses vues » de Victor Hugo, dont un extrait sera lu lors de la cérémonie. Ces objets incarnent non seulement son héritage juridique mais aussi son humanisme profond.
Cette approche n’est pas une première. Plusieurs personnalités ont rejoint le Panthéon sans leur dépouille. En 2015, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz y sont entrées avec de la terre de leur cimetière familial. Nicolas de Condorcet, entré en 1989, n’a jamais eu ses restes retrouvés. Jean Moulin fut transféré avec des cendres « présumées ». Aimé Césaire a souhaité reposer en Martinique, son île natale. D’autres, comme Louis Braille et Léon Gambetta, n’ont eu qu’une partie de leur corps transférée. Après les couples Manouchian et Veil, Joséphine Baker et Maurice Genevoix, Robert Badinter est la sixième personnalité panthéonisée depuis 2017, avant Marc Bloch en 2026.
