
Vingt mois après son décès, Robert Badinter, l’artisan de l’abolition de la peine de mort en France, est entré au Panthéon ce jeudi 9 octobre 2025. Le Président Emmanuel Macron a prononcé un discours vibrant en hommage à cette figure emblématique de la justice et des droits de l’homme. La voix de Badinter, a souligné le président, est celle qui porte les idéaux de la France et de la République, résonnant encore par sa singularité et sa force. Son entrée au Panthéon, aux côtés des figures de 1789 comme Condorcet et Victor Hugo, symbolise la promesse accomplie de la Révolution et l’ancrage des principes de l’État de droit.
Le discours a mis en lumière les combats inachevés de Robert Badinter : l’abolition universelle de la peine de mort, la lutte incessante contre l’antisémitisme et la défense de l’État de droit. Né dans les années 20, marquées par la haine des Juifs, Badinter a vu cette même haine ressurgir dans les années 20 actuelles. Son histoire personnelle, marquée par la déportation et l’assassinat de son père à Sobibor sur ordre de Klaus Barbie, a forgé sa détermination à combattre l’antisémitisme et le négationnisme. Emmanuel Macron a appelé à ne jamais éteindre cette colère face à l’antisémitisme, un combat existentiel pour la République.
Avocat, Badinter s’est donné pour mission de défendre la vérité d’un homme, quelle que soit son accusation, et la dignité inaliénable de chaque individu. C’est cette conviction qui l’a poussé à plaider pour la vie de Patrick Henry, après avoir été le témoin impuissant de l’exécution de son client Roger Bontems en 1972. Cette expérience l’a profondément marqué et a renforcé sa détermination à obtenir l’abolition de la peine capitale, qu’il a qualifiée de spectacle indigne d’une société des droits de l’homme.
Devenu Garde des Sceaux sous François Mitterrand en 1981, Robert Badinter a fait de l’abolition de la peine de mort sa priorité, malgré une opinion publique initialement réticente. La loi fut promulguée le 9 octobre 1981, un jalon historique dans l’engagement de la France pour la dignité humaine. Son mandat a également été marqué par la décriminalisation de l’homosexualité en 1982, l’amélioration des conditions de détention et l’abrogation de lois jugées attentatoires aux libertés individuelles. Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, il a continué à défendre et promouvoir l’État de droit, conscient que l’arbitraire engendre toutes les formes de haine.
Robert Badinter a porté ses combats au-delà des frontières, militant pour la justice internationale et le refus de l’impunité. Il croyait à l’universel, à la capacité de chacun à devenir meilleur par le savoir et l’éducation. Son parcours, de fils d’immigré à professeur agrégé, incarne cette foi en l’homme. Emmanuel Macron a conclu en rappelant les mots de Badinter à Auschwitz : « C’est en voyant ces fleurs que j’ai compris que la vie est plus forte que la mort. » Un message d’espoir et un appel à poursuivre ses combats pour les générations futures.