
En 2022, une étude révélait que près de la moitié des actifs français envisageaient ou préparaient une reconversion professionnelle. Ce phénomène, encouragé par les dispositifs publics et une loi de 2018 prônant la « liberté de choisir son avenir professionnel », soulève des interrogations sur la réalité de ces aspirations. Un ouvrage collectif, La Formation continue au service des reconversions ?, dirigé par Emmanuel de Lescure, Nicolas Divert et Fabienne Maillard, explore cette thématique complexe.
Cet ouvrage s’appuie sur des enquêtes sociologiques de terrain, dressant un portrait nuancé des candidats à la « bifurcation ». Des actifs en formation au code informatique aux assistantes maternelles préparant un CAP, les auteurs mettent en lumière la multiplicité des facteurs influençant le succès ou l’échec d’une reconversion, notamment les conditions sociales et matérielles. Il apparaît que les liens entre les aspirations professionnelles et la mobilité dans le monde du travail sont souvent « fragiles ».
Catherine Agulhon, sociologue de la formation, souligne que la « finalisation du parcours est loin d’être certaine pour tous les impétrants ». Les statistiques présentées dans l’ouvrage confirment cette observation : sur 32 travailleurs ayant suivi une formation au codage informatique, seuls 7 ont pu s’orienter vers l’entrepreneuriat. Ces données mettent en évidence les multiples freins qui peuvent entraver une reconversion professionnelle réussie, malgré les dispositifs d’accompagnement.