
Face aux appels à la démission visant Emmanuel Macron, il est intéressant de se pencher sur les précédents historiques. Avant lui, sept chefs d’État français ont quitté leurs fonctions avant le terme de leur mandat depuis la proclamation de la IIIe République en 1870. Ces départs ont été motivés par des raisons diverses, allant des désaccords politiques aux scandales, en passant par des problèmes de santé.
Le premier fut Adolphe Thiers (1871-1873). Favorable initialement à une monarchie constitutionnelle, il s’est progressivement tourné vers une « République conservatrice », s’opposant à la majorité monarchiste de l’Assemblée. Il a démissionné le 24 mai 1873. Son successeur, Patrice de MacMahon (1873-1879), a également connu un mandat mouvementé. Monarchiste en conflit avec une chambre républicaine, il a démissionné le 30 janvier 1879 après l’échec d’une dissolution du Parlement et le basculement du Sénat à gauche.
La démission n’est pas toujours liée à des divergences politiques. Jules Grévy (1879-1887), premier républicain à l’Élysée, fut contraint de quitter son poste le 2 décembre 1887 à cause du « scandale des décorations » impliquant son gendre, Daniel Wilson. Jean Casimir-Perier (1894-1895) détient le record du mandat le plus court. Élu à 46 ans, il a démissionné seulement six mois après son arrivée, le 14 janvier 1895, estimant n’avoir pas assez de poids politique face à son gouvernement.
Des raisons de santé ont aussi provoqué des départs. Paul Deschanel (1920), élu le 18 février 1920, a vu son état mental se détériorer après des événements traumatisants de la Première Guerre mondiale. Il a démissionné le 21 septembre 1920, sept mois après son élection, suite à des comportements jugés erratiques. Alexandre Millerand (1920-1924) a quitté l’Élysée le 11 juin 1924 après la défaite de la majorité sortante aux législatives, la nouvelle majorité lui reprochant de s’être trop immiscé dans la campagne.
Enfin, dans la Ve République, seul Charles de Gaulle (1959-1969) a démissionné. En 1969, il avait lié son maintien au pouvoir au résultat d’un référendum sur la création des régions et la réforme du Sénat. Le « non » ayant gagné, il a démissionné le 28 avril 1969. Deux autres présidents, Albert Lebrun (1932-1940) et René Coty (1954-1959), ont vu leur mandat interrompu, mais sans démission formelle.