
La Pologne est en première ligne d’une guerre hybride menée par la Russie et la Biélorussie contre l’Union européenne et l’OTAN. Ce conflit, qui a débuté en 2014 avec l’annexion de la Crimée et l’invasion du Donbass, a connu une escalade significative dans la nuit du 10 au 11 septembre. Cette nuit-là, une vingtaine de drones russes ont violé l’espace aérien polonais, forçant l’OTAN à ouvrir le feu pour la première fois de son histoire sur des objets volants ennemis en Europe.
Cet événement a provoqué une explosion de désinformation sur l’internet polonais. Michal Fedorowicz, président du collectif Res Futura et expert en analyse des réseaux sociaux, a souligné l’ampleur du phénomène, évoquant un « tsunami de désinformation » : « Nous avons analysé au cours de cette nuit quelque 200 000 mentions relayant la narration russe, soit 200 à 300 mentions par minute. En ordre de grandeur, c’est l’équivalent du mouvement que peut susciter une nuit électorale lors d’un scrutin présidentiel. » La désinformation et les cyberattaques sont des outils fréquemment employés pour déstabiliser les démocraties et influencer l’opinion publique, motivations souvent géopolitiques.
La cyberguerre est devenue une composante majeure de la confrontation, avec des attaques hybrides russes qui s’intensifient contre l’Ukraine et les pays de l’OTAN et de l’UE. Dès 2014, la Pologne a enregistré un nombre record de cyberattaques, marquant une escalade tant en quantité qu’en sophistication, suggérant un soutien étatique. La Pologne, consciente de cette menace grandissante, a rapidement renforcé son programme de réarmement et a dépassé le seuil des 2% du PIB en dépenses militaires dès 2015, bien avant d’autres nations européennes. Cette intensification de la cyberguerre et des opérations de désinformation met en lumière la nécessité pour l’Europe de repenser sa défense et son contre-espionnage, car elle se retrouve en première ligne face à une menace russe persistante.