
Face aux remises en question des objectifs climatiques, la France doit réévaluer l’acceptabilité sociale de sa transition écologique. Malgré un soutien citoyen notable aux enjeux environnementaux, les reculs politiques récents (loi Duplomb, énergies renouvelables, ZFE) soulignent l’importance de concilier écologie et justice sociale. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte d’ailleurs sur l’impact disproportionné du changement climatique sur les ménages à bas revenus. Les politiques environnementales, si elles ne sont pas équitables, peuvent accentuer les inégalités, comme l’a montré le mouvement des « gilets jaunes » suite à la taxe carbone pénalisant les plus modestes. Une transition réussie exige un fort soutien politique et citoyen, fondé sur une articulation fine avec les objectifs de justice sociale.
Le rôle central du travail dans la vie des Français impose d’étendre cette réflexion aux questions d’emploi. La transition écologique est créatrice d’emplois, avec des estimations de 340 000 emplois créés en France d’ici 2035 et 900 000 d’ici 2050, notamment dans l’énergie, la rénovation, l’agriculture et les transports. Cependant, des interrogations subsistent quant à la qualité des emplois dits « verts ». Ces métiers, qui contribuent à la protection de l’environnement, sont très divers : agents d’entretien des espaces verts, responsables qualité sécurité environnement, hydrogéologues, techniciens des eaux et forêts, éboueurs, chargés d’études en environnement. Il est essentiel de veiller à ce que ces emplois offrent des conditions de travail décentes et des salaires justes, pour garantir une véritable « transition juste ».