
Le projet Territoires zéro chômeur de longue durée se distingue par son approche expérimentale et fortement ancrée dans les territoires. Initié par une loi en 2016, il a d’abord concerné dix territoires pionniers. Ceux-ci s’engageaient à recruter en CDI et à temps choisi, au sein d’« entreprises à but d’emploi », des personnes durablement privées d’emploi et volontaires. Depuis l’adoption d’une seconde loi en 2020, ce dispositif a été étendu et concerne désormais 83 territoires à travers la France.
Le succès du projet auprès des responsables politiques s’explique en partie par ses slogans percutants. Dès 2016, l’Assemblée nationale avait voté cette initiative à l’unanimité, saluant son audace, son implantation locale et la diversité de ses idées. Le projet repose sur trois idées fondamentales : le travail et l’argent ne manquent pas, et personne n’est inemployable. Sa réussite dépend intrinsèquement de la mobilisation d’un écosystème local d’acteurs, incluant les chômeurs eux-mêmes. L’objectif est de cerner les besoins non satisfaits localement et de trouver des solutions en accord avec les aspirations et compétences des personnes privées d’emploi de longue durée. Pour certains acteurs publics, l’attrait du projet réside également dans le principe d’« activation des dépenses passives » : un salaire plutôt que des allocations.
Plusieurs études ont examiné la mise en œuvre de cette expérimentation, mettant en lumière des effets positifs tangibles pour les individus et les territoires. On observe notamment une remobilisation et un accès à un emploi stable pour des personnes que les politiques d’emploi et d’insertion traditionnelles peinaient à atteindre. Le projet favorise également la création de dynamiques de partenariat au niveau local. Toutefois, ces analyses soulignent aussi des écarts significatifs entre l’idéal du projet et sa concrétisation sur le terrain. Une tendance à la standardisation des pratiques a été identifiée.
Les évaluations menées après la première loi avaient déjà mis en évidence des lacunes, notamment une focalisation excessive sur l’emploi au détriment de la nature du travail lui-même, ainsi qu’une définition encore floue de ce que devait être une entreprise à but d’emploi chargée de recruter les personnes sorties du chômage de longue durée.