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Le collectif GenZ 212 appelle à la démission du gouvernement marocain après des nuits de violences. Les jeunes manifestent pour de meilleurs services de santé et d'éducation.

Au Maroc, le collectif de jeunes GenZ 212 a appelé le vendredi 3 octobre à la démission du gouvernement, suite à une nuit de violences ayant fait trois morts. C’était la sixième soirée consécutive de manifestations, où les jeunes Marocains réclament de meilleurs services de santé et d’éducation.

« Nous demandons la dissolution du gouvernement actuel pour son échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs revendications sociales », a déclaré le collectif GenZ 212, fort de 150 000 membres sur Discord, dans un communiqué adressé au roi Mohammed VI. Ces manifestations sociales sont inédites par leur spontanéité et font suite à des protestations nées à la mi-septembre après la mort de huit femmes enceintes à l’hôpital public d’Agadir.

Jeudi, des dizaines de manifestants brandissant des drapeaux marocains ont scandé « Le peuple veut la santé et l’éducation » dans le quartier d’Agdal à Rabat, où la mobilisation s’est déroulée dans le calme. Des rassemblements pacifiques ont également eu lieu à Casablanca, Marrakech et Agadir.

Le collectif GenZ 212 a insisté sur le caractère pacifique du mouvement, rejetant « toute forme de violence, de vandalisme ou d’émeute ». Cependant, dans la nuit de mercredi à jeudi, des violences ont éclaté, entraînant la mort de trois personnes tuées par des gendarmes en « légitime défense » alors qu’elles tentaient de prendre d’assaut une brigade de gendarmerie dans le sud du pays pour voler des munitions et des armes.

Le collectif, qui se décrit comme un « espace de discussion » sur la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption, affirme agir par « amour de la patrie et du roi ». Le premier ministre a exprimé la volonté du gouvernement de « répondre aux revendications sociales » des jeunes et sa « disposition à dialoguer ».

Lors des rassemblements, des slogans comme « Nous ne voulons pas la Coupe du monde, la santé est prioritaire » sont scandés, mettant en lumière les fortes inégalités territoriales et entre les systèmes public et privé. Le Maroc, coorganisateur de la Coupe du monde 2030, a engagé de vastes chantiers d’infrastructures, mais les jeunes priorisent les services essentiels.

Les autorités avaient autorisé les manifestations mercredi pour la première fois, rassemblant des centaines de jeunes à Casablanca, Tanger et Tétouan. Toutefois, des actes de vandalisme ont eu lieu, notamment à Salé où des individus cagoulés ont incendié des voitures de police et une agence bancaire. Ces violences ont fait plus de 350 blessés, majoritairement parmi les forces de l’ordre, et des dégâts matériels importants.

Des heurts avaient déjà eu lieu mardi lors de manifestations interdites, faisant près de 300 blessés et menant à plus de 400 interpellations.