
Sébastien Lecornu, Premier ministre, a annoncé officiellement son intention de ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget de l’État. Cette décision, qualifiée de « rupture » par M. Lecornu et prise en accord avec le président Macron, vise à relancer le dialogue parlementaire et à ôter « tout prétexte » aux oppositions pour une motion de censure. Le gouvernement espère ainsi un débat apaisé et constructif autour du projet de loi de finances, rappelant l’importance d’un budget adopté avant le 31 décembre.
Ce geste, bien que salué par certaines voix de l’opposition comme un « début de rupture sur la forme », est jugé insuffisant sur le fond. Olivier Faure, patron du Parti socialiste (PS), a exprimé des réserves importantes, estimant que la « copie » budgétaire du gouvernement reste « très insuffisante et à bien des égards alarmante ». Il déplore notamment l’absence d’engagement sur un débat concernant la réforme des retraites et s’inquiète d’une possible « caporalisation » des discussions par d’autres biais constitutionnels. Le PS conditionne sa position sur une éventuelle censure à la déclaration de politique générale du Premier ministre, attendue en début de semaine.
Marine Le Pen, du Rassemblement national (RN), a également accueilli favorablement le renoncement au 49.3, le considérant « plus respectueux de la démocratie ». Cependant, elle a jugé le Premier ministre « extrêmement vague » sur les propositions de fond, réservant sa décision quant à une motion de censure après des éclaircissements lors de la déclaration de politique générale. Le Parti communiste français (PCF) semble ouvert à ne pas censurer d’emblée un gouvernement faisant un tel geste, tandis que La France insoumise (LFI) maintient son intention de déposer une motion de censure dès la nomination du gouvernement.
Face aux critiques, Sébastien Lecornu a évoqué la création d’une « taxe sur le patrimoine financier » des holdings familiales, mais sans reprendre la taxe Zucman. Une proposition dont le « rendement » est jugé faible par le PS. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a salué un « acte de confiance » du gouvernement. En revanche, Bruno Retailleau des Républicains, s’inquiète d’une possible « coalition des démagogues » menant à un budget préjudiciable aux intérêts du pays, et a rappelé que la participation de la droite au gouvernement n’est pas acquise.