
Suite à la condamnation de Nicolas Sarkozy dans le dossier de financement libyen, le premier président de la cour d’appel de Paris, Jacques Boulard, a lancé un appel solennel au respect de l’institution judiciaire et de son indépendance. Il a déploré la « remise en cause » de l’impartialité de la justice, survenue après la décision du tribunal correctionnel. Cette intervention fait écho à l’ouverture de deux enquêtes par le parquet de Paris concernant des menaces visant la présidente du tribunal ayant statué sur l’affaire Sarkozy.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a fermement condamné « sans aucune réserve » les intimidations et menaces de mort touchant les magistrats. Il a souligné que ces actes étaient « absolument insupportables en démocratie », insistant sur le fait que la contestation d’une décision de justice ne saurait s’exprimer par la « violence des attaques personnelles ». Les enquêtes ouvertes par le parquet sont menées par le pôle national de lutte contre la haine en ligne, ciblant des messages menaçants envers la magistrate.
Le parquet a rappelé que les menaces de mort envers des dépositaires de l’autorité publique peuvent entraîner jusqu’à cinq ans de prison. Le cyberharcèlement, défini comme des propos ou comportements répétés dégradant les conditions de vie, est passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. La divulgation d’informations personnelles exposant un agent public à des risques pour sa personne ou ses biens est également une infraction grave, punie de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
L’Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) ont exprimé leur inquiétude, signalant des menaces de mort et de violences graves, ainsi que la publication de photos de la magistrate sur les réseaux sociaux. Ils dénoncent également les attaques d’« une partie de la classe politique » qui qualifie la condamnation d’« acharnement » ou de « vengeance » de la justice. Des situations similaires de menaces ont été observées après le procès de Marine Le Pen, où des magistrats avaient été placés sous protection policière.