
Les liaisons ferroviaires nocturnes entre Paris et Berlin, ainsi qu’entre Paris et Vienne, emblèmes d’un renouveau du transport doux, sont menacées d’arrêt définitif. Moins de deux ans après la relance de la ligne Paris-Berlin et quatre ans après celle de Paris-Vienne, leur avenir est compromis par des coupes budgétaires et l’arrêt des aides financières de l’État. Ni le ministère des Transports ni la SNCF ne confirment officiellement la nouvelle, mais la cessation des subventions semble inéluctable face à l’absence de rentabilité de ces services.
Ces deux lignes Nightjet, exploitées en consortium par la SNCF, la Deutsche Bahn (DB) et l’autrichien ÖBB (fournisseur des rames), se sont avérées déficitaires. Ce constat n’est pas isolé, de nombreux trains de nuit, Intercités ou TER dépendent également de compensations de l’État ou des régions pour couvrir leurs coûts d’exploitation. La subvention annuelle pour ces liaisons internationales était estimée entre 5 et 10 millions d’euros, reconduite pour 2024 mais menacée pour 2026 en raison de contraintes budgétaires.
Malgré un taux de remplissage moyen de 70% et 66 000 voyageurs transportés en 2024, le modèle économique de ces liaisons reste fragile. Le collectif « Oui au train de nuit » pointe du doigt la faible fréquence des trains (trois allers-retours hebdomadaires au lieu d’une desserte quotidienne promise) et le manque de promotion de la SNCF sur sa plateforme SNCF Connect comme des facteurs aggravants. Les réservations se font principalement via le site de l’ÖBB, moins connu des voyageurs français.
Par ailleurs, des interruptions temporaires ont déjà eu lieu en 2024, notamment d’août à octobre, à cause d’importants travaux sur les réseaux ferrés français et allemand. Ces arrêts fréquents ont pu nuire à la réputation et à la fréquentation des lignes. Face à cette situation, le collectif « Oui au train de nuit » appelle à une mobilisation et à une renégociation des subventions, en échange d’un engagement des opérateurs à assurer une desserte quotidienne, essentielle à la viabilité économique et à l’attractivité de ces trains de nuit.