
Le Premier ministre Sébastien Lecornu se trouve dans une position délicate, confronté à la fois à la colère des syndicats et à l’inquiétude du patronat. Ces deux forces sociales expriment des attentes radicalement opposées concernant la politique économique du gouvernement, notamment autour de la fiscalité des entreprises et des droits des travailleurs. Ce mercredi 24 septembre, M. Lecornu a reçu séparément des représentants de chaque camp pour des discussions qui se sont avérées infructueuses.
À l’issue de cette rencontre à Matignon, les huit principales organisations syndicales de salariés ont lancé un nouvel appel à la mobilisation nationale pour le 2 octobre. Cette décision fait suite à l’absence de réponses concrètes du gouvernement concernant leurs revendications, qui incluent l’abandon du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, le gel des prestations sociales, et la réforme de l’assurance chômage. Les syndicats dénoncent « une occasion manquée » et anticipent une forte mobilisation, potentiellement similaire à celle du 18 septembre qui avait rassemblé entre 500 000 et un million de manifestants.
De son côté, le Medef a confirmé la tenue d’un « énorme meeting » d’employeurs le 13 octobre. Cette initiative vise à contrer ce que le patronat considère comme des « théories dangereuses pour nos entreprises », notamment la proposition d’une taxe Zucman sur les hauts patrimoines. Patrick Martin, président du Medef, a souligné la nécessité de « rééquilibrer le débat » et d’apporter de la rationalité face à un discours qu’il estime trop focalisé sur la question fiscale.
Ces mobilisations distinctes, bien qu’indépendantes, illustrent la complexité de l’élaboration des budgets de l’État et de la Sécurité sociale pour un gouvernement sans majorité claire, contraint aux compromis. Le Premier ministre doit soumettre un projet de budget à l’Assemblée nationale avant le 13 octobre, dans un contexte où la dette publique française a atteint un record de 3 416,3 milliards d’euros, soit 115,6 % du PIB à la fin juin. Cette situation met une pression considérable sur Sébastien Lecornu pour trouver un équilibre entre les exigences sociales et les impératifs économiques du pays.